Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 19, 1838.djvu/491

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

faut pour croire que Votre Altesse la trouvera beaucoup plus docile à votre autorité qu’elle ne l’a jamais été… Mais pourquoi l’avancement de ce jeune homme me mettrait-il de mauvaise humeur ? Après tout, c’est à l’esprit, au courage et à la fermeté, qu’il doit la beauté, la richesse et le rang. »


CONCLUSION.


J’avais déjà envoyé à mon imprimeur les feuilles que l’on vient de lire, et à la fin desquelles se trouve une assez belle leçon morale qui peut servir d’encouragement à tout jeune homme aux cheveux blonds, à l’œil vif et brillant, à la jambe bien tournée, qui, abandonnant notre pays natal, s’aviserait, dans des moments de troubles politiques, de se jeter dans la carrière hasardeuse ou dans l’honorable profession de cavalier de fortune. Mais un ami sincère, un sage conseiller, un de ces hommes, enfin, qui savourent avec plus de plaisir le morceau de sucre qui reste au fond de leur tasse à thé, que le parfum du souchong[1] lui-même, m’a fait une semonce amère, et insiste pour que je rende un compte particulier et précis des épousailles du jeune héritier de Glen-Houlakin et de la charmante comtesse flamande, pour que je décrive les tournois qui eurent lieu en cette intéressante occasion, et que je dise combien de lances y furent rompues. Enfin, il exige même que je ne fasse pas grâce au lecteur curieux, des vigoureux garçons qui héritèrent de la valeur de Quentin Durward, et des aimables filles auxquelles Isabelle de Croye transmit ses charmes.

J’ai répondu à cet ami, par le même courrier, que les temps sont bien changés, et que la publicité des cérémonies nuptiales est tout à fait passée de mode. À une époque qui n’est pas encore tellement éloignée de moi que je ne me la rappelle parfaitement, non-seulement les quinze amis de l’heureux couple étaient invités à être témoins de leur union, mais les ménétriers ne cessaient de jouer en branlant la tête, comme dans l’Ancien Marinier[2], jusqu’à ce que les rayons de l’aurore vinssent frapper leurs yeux. On buvait le sack-posset[3] dans la chambre nuptiale ; on jetait en

  1. Une des meilleures espèces de thé. a. m.
  2. Poème de Coleridge, un des partisans de l’école moderne anglaise, dite des Lacs, et à la tête de laquelle se trouve le vaporeux mais profond Worthworth. a. m.
  3. Le Sack-posset est un breuvage tonique : il y entre du vin, de la crème, du sucre, des œufs, de la muscade. a. m.