Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 2, 1838.djvu/142

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qui courbait sa tête sous le joug du Saxon. Les filles de ce pays étaient belles : elles avaient des yeux bleus, de blonds cheveux, un sein de neige, et c’était parmi elles qu’Elspat voulait choisir une femme à son fils, une épouse d’une race irréprochable, d’une réputation sans tache, et d’un cœur tendre et fidèle, une compagne qui serait dans leur retraite d’été comme un rayon de soleil, et, dans leur chaumière d’hiver, comme la douce chaleur du feu bienfaisant. »

Tels furent les moyens auxquels Elspat recourut pour calmer le désespoir de son fils, et le déterminer, s’il était possible, à quitter le lieu fatal où il paraissait résolu de languir. Son langage, sans doute, était poétique ; mais, sous d’autres rapports, il ressemblait à celui que, comme toutes les mères tendres, elle avait fait entendre à Hamish, dans son enfance ou son adolescence, lorsqu’elle voulait l’engager à faire ce qui ne lui plaisait pas ; et plus elle voyait que ses paroles ne produisaient pas l’effet qu’elle en attendait, plus elle parlait avec véhémence et volubilité.

Toute cette éloquence ne fit aucune impression sur l’âme du jeune homme. Il connaissait beaucoup mieux qu’Elspat la situation actuelle du pays, et il sentait que, s’il lui était possible de se cacher comme un fugitif au milieu de montagnes éloignées, et d’y trouver un asile inviolable, du moins il n’existait pas un seul coin de terre où la profession de son père pût être exercée, quand même il n’eût pas été pénétré des idées plus justes du temps où il vivait, et de l’opinion que le métier de cateran avait cessé depuis long-temps d’être le chemin de l’honneur et de la fortune. Les paroles d’Elspat allèrent donc frapper une oreille froide et indifférente, et elle s’épuisa vainement pour peindre avec des couleurs séduisantes les charmes du pays qu’habitaient les parents de sa mère. Elle parla pendant des heures entières, et elle parla inutilement. Elle ne put arracher d’autre réponse que des soupirs, des gémissements, et des exclamations qui exprimaient l’excès du désespoir.

À la fin, se levant et quittant le ton monotone sur lequel elle venait de chanter, pour ainsi dire, les louanges du pays où elle voulait aller chercher un refuge, elle prit le langage concis et énergique de la colère : « Je suis une insensée, s’écria-t-elle, de perdre mes paroles avec un enfant faible, indolent et sans intelligence, qui se couche comme un chien sous les coups. Eh bien, restez ici pour accueillir vos maîtres, et recevoir de leurs mains