Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 2, 1838.djvu/178

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donné que toutes les demandes qu’on ferait relativement à ses terres encloses, dans le but de les occuper temporairement, lui fussent renvoyées. Cependant, comme M. Ireby était parti le jour précédent pour un voyage de quelques milles, dans le nord, le bailli crut devoir considérer la restriction mise à ses pleins pouvoirs comme levée pour le moment, et conclut qu’il ne pouvait mieux entendre les intérêts de son maître, et peut-être les siens, qu’en faisant un arrangement avec Harry Wakefield. Pendant ce temps, Robin Oig, ignorant de son côté ce que ferait son camarade, rencontra par hasard sur la route, un petit homme de bonne mine monté sur un petit poney, dont la queue et les oreilles étaient taillées selon la mode de l’époque. Le cavalier portait des culottes de peau collantes et de longs éperons brillants. Il fit à Robin quelques questions relatives aux marchés et au prix des bestiaux. L’Écossais, reconnaissant en lui un homme poli et de bon sens, prit la liberté de lui demander s’il ne connaissait pas quelques pâturages à louer dans le voisinage, pour entretenir momentanément son troupeau. Il ne pouvait s’adresser à homme mieux disposé. Le gentilhomme à culottes de peau de daim était le propriétaire du terrain pour lequel Harry Wakefield était en train de négocier avec le bailli.

« Tu es fort heureux, mon brave Écossais, dit M. Ireby, de m’avoir rencontré ; je vois que ton troupeau a bien assez de sa journée, et j’ai à ma disposition le seul champ qui soit à louer à trois milles à la ronde.

— Mon troupeau peut très-bien encore faire deux, trois et quatre milles, répondit le prudent montagnard. Mais, ajouta-t-il, que demanderait Votre Honneur par tête de bétail, si je voulais louer le parc pour deux ou trois jours ?

— Nous n’aurons point de difficultés ensemble, Sawney, si tu veux me vendre à un prix raisonnable six de tes bœufs pour les engraisser cet hiver.

— Et lesquels Votre Honneur voudrait-il avoir ?

— Lesquels ? voyons… les deux noirs, le brun qui est là-bas… celui qui a les cornes tordues… puis ces deux… Allons, combien par tête ?

— Ah ! dit Robin, Votre Honneur est un connaisseur, un vrai connaisseur. Je n’aurais pas mieux choisi les six meilleurs, moi qui les connais comme s’ils étaient mes enfants, les pauvres bêtes !

— Eh bien, combien par tête, Sawney ? continua M. Ireby.