Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 2, 1838.djvu/197

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LA FILLE DU CHIRURGIEN.





CHAPITRE PREMIER.

le premier ouvrage.


Chante, ma muse, la lyre en est sommée, chante des louanges pour t’acquitter de ce qu’exigent les règles de cour.
Odes d’essai.


La conclusion partielle ou définitive d’une entreprise littéraire est, pour la première fois au moins, accompagnée d’une titillation irritante, semblable à celle qui annonce la guérison d’une blessure… : c’est une démangeaison, une rage de connaître ce que le monde en général, et les amis en particulier, diront de nos travaux. Quelques auteurs, m’assure-t-on, professent à ce sujet l’indifférence d’une huître : pour ma propre part, j’ai peine à croire à leur sincérité. On peut l’acquérir par l’habitude ; mais, dans mon humble opinion, un néophyte comme moi doit être long-temps incapable d’un tel sang-froid.

Franchement, je suis honteux de reconnaître combien étaient puérils les sentiments que j’éprouvai lors de la publication de la première partie de ces Chroniques. Personne n’aurait pu dire de plus belles choses que moi sur l’importance du stoïcisme concernant l’opinion des autres, quand leur approbation ou leur censure se rapporte au mérite littéraire seulement ; et j’étais déterminé à livrer mon ouvrage au public avec la même insouciance que l’autruche qui dépose ses œufs dans le sable, sans se donner la peine de les couver, mais laissant à l’atmosphère le soin de faire éclore ses petits ou de les faire périr. Mais, autruche en théorie, je devins dans la pratique une pauvre poule, qui n’a pas plus tôt pondu, qu’elle court caquetant partout pour attirer l’attention de chacun sur l’œuvre miraculeuse qu’elle a produite.

Aussitôt que je fus possesseur de mon premier volume, propre-