Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 2, 1838.djvu/224

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me ; rien, si ce n’est que je dois obéir à mon mandat. Il est en règle, madame, parfaitement en règle. »

En parlant ainsi, il posa l’index de sa main droite sur un papier qu’il tenait, de sa main gauche, sous les yeux de mistress Grey.

« Adressez-vous à moi, s’il vous plaît, monsieur, dit le docteur Grey, voyant bien qu’il ne devait pas perdre de temps pour porter la cause devant une cour compétente. Je suis le maître de cette maison, monsieur, et je voudrais savoir le motif de cette visite.

— Mon affaire sera bientôt expliquée, répliqua l’homme : je suis un messager du roi, et cette dame m’a traité comme si j’étais l’huissier du bailli d’un simple baron.

— Ce n’est point là la question, répartit le docteur ; si vous êtes un messager du roi, où est votre mandat, et que venez-vous faire ici ? » En même temps, il dit tout bas à la petite servante de courir chez M. Lawford, le clerc du bourg, et de le prier de venir aussi vite que possible. La belle-fille de Peg Tamson partit avec une célérité digne de sa belle-mère.

« Voici mon mandat, dit l’officier, et vous pouvez vous satisfaire.

— L’impudent coquin n’ose pas dire au docteur l’objet de sa mission, » s’écria mistress Grey, rayonnante de joie,

« La belle mission qu’il remplit là ! reprit la vieille mère Simson : enlever une femme en couches, comme un épervier enlèverait une poulette !

— Une femme accouchée d’un mois à peine ! ajouta la nourrice Jamieson.

— De vingt-quatre jours, huit heures, sept minutes, moins une seconde ! » reprit mistress Grey.

Le docteur, après avoir examiné le mandat, qui était en bonne forme, commença à craindre que les femmes de sa maison, dans leur zèle à défendre une personne de leur sexe, ne se laissassent entraîner à un acte soudain de rébellion, et leur commanda en conséquence de se taire.

« C’est, dit-il, un mandat pour appréhender au corps Richard Tresham et Zilia de Monçada, accusés de haute trahison. Monsieur, j’ai servi Sa Majesté, et ce n’est pas dans ma maison que des traîtres reçoivent un asile. Je ne connais aucune de ces deux personnes, et je n’ai même jamais entendu prononcer leurs noms.

— Mais la dame que vous avez admise dans votre famille, dit le messager, est Zilia de Monçada ; et voici son père, Mathias de Monçada, qui en fera serment.