Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 20, 1838.djvu/21

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portance quand j’apportai l’arrogance d’un fils unique, et par conséquent un mauvais caractère, sur les bancs de la petite républiques ? — Encore Alan. Et qui m’apprit à viser au but, à fouetter un sabot, et à tourner une corde ? — Alan, encore une fois. Si je devins l’orgueil des Écoles et la terreur des marchands dans le passage High-School, ce fut sous votre patronage ; et sans vous je me serais contenté de passer humblement sous la porte Cowgate sans grimper par-dessus, et je n’aurais jamais vu le Kittle-Nine Steps[1] de plus près que du parc de Bareford. Vous m’avez appris à ne point faire de mal aux faibles, et à frapper ferme sur les forts, — à ne rien rapporter hors de l’école, à me conduire en homme, — à obéir à l’ordre terrible d’un pande manum[2], et à endurer la douleur des férules sans sourciller, en écolier résolu à ne pas devenir meilleur. Bref, avant de vous connaître, je ne connaissais rien.

À l’université, ce fut de même. Quand j’étais d’une paresse incorrigible, votre exemple et votre exhortation m’excitèrent à tenter un effort et me montrèrent la route des jouissances intellectuelles. Vous fîtes de moi un historien, un métaphysicien, (invitâ Minervâ)…, même, par le ciel, vous avez presque fait un avocat de moi aussi bien que de vous-même. Oui, plutôt que de me séparer de vous, Alan, je passai une ennuyeuse année au cours de droit écossais, une plus ennuyeuse à celui de droit civil ; et mon cahier de notes, rempli de caricatures sur les professeurs et sur mes camarades, n’existe-t-il pas encore pour témoigner des grands avantages que j’en retirai ?


Nous avons jusqu’ici marché toujours ensemble,


et, pour dire la vérité, uniquement afin de suivre la même carrière que vous. Mais je ne puis vous suivre davantage, Alan. Sur ma parole, j’aimerais autant être un de ces ingénieux marchands qui, de l’autre côté de

  1. Passage pratiqué sur le bord même du roc où est bâti le château d’Édimbourg, et au moyen duquel il n’est possible qu’à une chèvre ou à un écolier de High-School de tourner le coin de l’édifice dans la partie où il touche l’angle du précipice. C’était un exploit si favori pour les étudiants, qu’on dut poser des sentinelles pour empêcher cet exercice dangereux. Grimper au haut de la porte Cowgate, surtout par un temps de neige, était encore un de leurs amusements de prédilection, parce qu’elle présentait un poste inaccessible d’où l’on pouvait impunément lancer des boules de neige sur les passants. La porte n’existe plus aujourd’hui, et probablement le plus grand nombre des jeunes combattants a également disparu. a. m.
  2. Ouvre la main. a. m.