Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 20, 1838.djvu/266

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nœuvres cachées, et que vous désapprouvez le moyen par lequel votre valet est parvenu à connaître mon nom et ma qualité ; — or, est-il honorable à vous de profiter de cette connaissance acquise par un moyen déshonorant ?

— La question est hardie, répliqua-t-il ; mais, restreinte dans certaines limites nécessaires, cette hardiesse de langage ne me déplaît pas. Vous avez dans cette courte conférence montré plus de caractère et d’énergie que je ne m’attendais à en trouver en vous. Vous ressemblerez, j’espère, à une plante des forêts qui, renfermée accidentellement dans une serre chaude, et ainsi devenue faible et délicate, reprend sa force et sa vigueur naturelle, aussitôt qu’elle est exposée à la température des hivers. Je répondrai avec franchise à votre demande. En affaires, comme à la guerre, les espions et les délateurs sont des maux nécessaires, que détestent tous les gens de bien, mais que pourtant doivent employer tous les hommes prudents, à moins de vouloir combattre et agir en aveugles. Mais rien ne peut justifier l’emploi de la fausseté et de la trahison quand nous nous en rendons personnellement coupables.

— Vous avez dit à M. Fairford père, » continuai-je avec la même hardiesse, que je commençais à trouver fort de mon goût, « vous avez dit que j’étais fils de Ralph Latimer de Langeoth-Hall ? — Comment conciliez-vous ce fait avec l’assertion que vous avez faite aujourd’hui que mon nom n’est pas Latimer. »

Il rougit en répondant : « Le vieil imbécile, le vieux radoteur a menti, ou peut-être n’a point compris ce que je lui voulais dire. J’ai dit que la personne en question pouvait être votre père. Pour confesser la vérité, je souhaitais que vous visitassiez l’Angleterre, votre pays natal, parce que, dès ce moment, mes droits sur vous devaient revivre. »

Ce discours m’expliqua clairement le fondement de l’avis qu’on m’avait souvent donné de ne pas franchir la frontière du Sud, si je tenais à ma sûreté ; et je maudis intérieurement ma folie, qui m’avait poussé à voltiger comme un moucheron autour de la chandelle, jusqu’à ce que je tombasse dans le malheur dont je m’étais joué. « Quels sont ces droits, repris-je, que vous prétendez avoir sur moi ? — Dans quel but vous proposez-vous d’en user ?

— Dans un but qui n’a rien de peu élevé, vous pouvez m’en croire, répliqua M. Herries ; mais je refuse de vous en commu-