Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 20, 1838.djvu/286

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lement que ce M. Maxwell puisse me servir dans cette affaire ?

— Rien de plus vraisemblable, car c’est la trompette de toute leur escouade ; et quoique Redgauntlet ne se gêne guère pour l’appeler parfois imbécile, il le consulte néanmoins plus souvent que personne à ma connaissance. Si Pate peut l’amener à un entretien, l’affaire est faite. C’est un fin matois que Tête-en-Péril.

— Tête-en-Péril ! voilà un singulier nom !

— Oui, et la manière dont il lui vint n’est pas moins singulière ; mais je ne vous la conterai pas, dans la crainte de lui couper l’herbe sous le pied ; car vous êtes sûr de lui entendre conter cette histoire-là une fois au moins, sinon plus souvent même, avant que le bol de punch soit remplacé par la théière. — Et maintenant adieu ; car voici la cloche du conseil qui sonne d’une rude façon, et si je n’y suis pas arrivé avant l’ouverture de la séance, le bailli Laurie me voudra jouer quelqu’un de ses mauvais tours. »

Le prévôt, répétant à M. Fairford qu’il espérait le revoir à deux heures, réussit enfin à se débarrasser du jeune avocat, et l’abandonna à lui-même. Celui-ci ne savait trop quelles mesures prendre. Le shérif paraissait être revenu à Édimbourg, et Alan considérant la répugnance manifeste du prévôt à intervenir dans les affaires de ce laird de Birrenswork, autrement dit Redgauntlet, craignait d’en trouver une beaucoup plus forte encore parmi les gentilshommes campagnards : car la plupart d’entre eux étaient catholiques aussi bien que jacobites, et les protestants même devaient être peu disposés à rompre avec des parents et des amis, en poursuivant des crimes politiques qui avaient presque encouru la prescription.

Recueillir tous les renseignements possibles, et n’avoir recours aux autorités supérieures que lorsqu’il serait à même de leur présenter l’affaire avec autant de clarté qu’elle en était susceptible, lui parut la meilleure marche à suivre parmi toutes ces difficultés. Il se mit en relation avec le procureur fiscal, qui, comme le prévôt, était un ancien correspondant de son père : il communiqua à cet officier public son intention de visiter Brokenburn ; mais il fut assuré par lui que ce serait une démarche qui l’exposerait lui-même à de grands périls, et n’amènerait aucun résultat ; que les individus qui avaient été les promoteurs de l’émeute étaient depuis long-temps en sûreté dans leurs différentes retraites, dans l’île de Man, dans le Cumberland et ailleurs, et que ceux qui