Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 20, 1838.djvu/287

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pouvaient rester encore commettraient indubitablement des violences contre toute personne qui visiterait leur hameau avec l’intention de faire une enquête sur les derniers troubles.

Les mêmes objections ne se présentaient pas contre une visite à Mont-Sharon, où il s’attendait à trouver les nouvelles les plus récentes de son ami ; et il lui restait assez de temps pour s’y rendre avant l’heure indiquée par le prévôt pour le dîner. Chemin faisant, il se félicita d’avoir obtenu sur un point une information presque certaine. L’individu qui avait pour ainsi dire forcé M. Fairford père à lui donner l’hospitalité, et qui avait paru vouloir déterminer Darsie Latimer à visiter l’Angleterre, individu contre lequel une espèce d’avertissement avait été donné par une personne liée avec sa famille et vivant dans sa société, cet homme enfin se trouvait être un instigateur des troubles au milieu desquels Darsie avait disparu.

Quel pouvait être le motif d’un pareil attentat contre la liberté d’un jeune homme inoffensif ? Il était impossible qu’il fallût l’attribuer à une simple méprise de Redgauntlet, qui eut regardé Darsie comme espion. En effet, quoique telle fût l’explication que Fairford avait présentée au prévôt, il savait que, de fait, il avait été lui-même averti par sa singulière visiteuse d’un danger auquel son ami était exposé, avant qu’un semblable soupçon pût être conçu. De plus, toutes les recommandations données à Latimer par son tuteur ou par celui qui agissait comme tel, à savoir M. Griffiths de Londres, aboutissaient à la même défense. Alan n’était pas fâché, d’ailleurs, de n’avoir pas mis le prévôt Crosbie dans son secret plus qu’il n’était absolument nécessaire, puisqu’il était évident que la parenté de la femme de ce fonctionnaire avec l’individu suspect devait nuire à son impartialité comme magistrat.

Lorsque Alan Fairford arriva à Mont-Sharon, Rachel Geddes accourut au-devant de lui presque avant que le domestique lui eût ouvert la porte. Elle recula d’un air désappointé, quand elle aperçut une figure étrangère, et dit, pour excuser sa précipitation, « qu’elle avait cru que c’était son frère Josué qui revenait du Cumberland.

— M. Geddes n’est donc pas à la maison ? » dit Fairford, très-désappointé à son tour.

« Il est parti hier, ami, » répondit Rachel, qui était parvenue à reprendre l’air de quiétude qui caractérise la secte, mais ses joues