Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 20, 1838.djvu/337

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pour la liberté du commerce, il faut que je m’en acquitte moi-même. »

En parlant ainsi, il but un long trait d’eau-de-vie.

« C’est un poil du chien qui m’a mordu, reprit-il, — du chien qui finira par me tuer un jour ; et pourtant, maudit idiot que je suis, il faut toujours que je l’aie à la gorge. Mais, dit la vieille chanson… » Là, il se mit à chanter et chanta bien : —


Buvons avant que le jour tombe ;
On boit assez froid dans la tombe.


« Tout cela, continua-t-il, n’est pas un charme contre le mal de tête. Je voudrais avoir quelque chose qui vous fît du bien. — Vraiment ! mais nous avons du thé et du café à bord. Je m’en vais faire ouvrir une caisse ou un sac, et vous en aurez dans un instant. Vous êtes d’un âge où l’on préfère ces breuvages légers à des boissons plus fortes. »

Fairford le remercia et accepta son offre d’une tasse de thé.

On entendit bientôt Nanty Ewart crier : « Ouvrez-moi cette caisse, — prenez-y plein votre chapeau de thé, fils d’un singe et d’une guenon ; nous pouvons en avoir besoin une autre fois. — Pas de sucre ? on a tout employé pour le grog, dites-vous ? — Entamez-en un autre pain, allez donc ! — et mettez la bouilloire sur le feu ! que l’eau bouille, garçon d’enfer, en moins de rien ! »

Grâce à ces procédés énergiques, il fut bientôt en état de revenir à l’endroit où son passager gisait malade et épuisé, avec une jatte ou plutôt une écuelle de thé ; car tout se faisait sur une grande échelle à bord de Jenny la Sauteuse. Alan but ce cordial avec avidité, et parut si bien remis, que Nanty Ewart jura qu’il en voulait boire aussi ; il le mouilla seulement, comme il le dit, avec un verre d’eau-de-vie.