Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 20, 1838.djvu/7

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INTRODUCTION
MISE EN TÊTE DE LA PREMIÈRE ÉDITION D’ÉDIMBOURG.




L’enthousiasme jacobite qui se manifesta en Écosse dans le dix-huitième siècle, et surtout pendant la révolte de 1745, fournit aux compositions romanesques le plus beau sujet qu’il soit possible d’emprunter à la réalité de l’histoire. La génération existante se rappelle aujourd’hui cette guerre civile et ses incidents les plus remarquables sans cette irritation d’esprit qui, d’ordinaire, suit les dissensions intestines. Les Highlanders[1], qui formaient la principale force de l’armée de Charles-Édouard, descendaient d’une race antique et fière, se distinguant par des mœurs spéciales en temps de paix comme en temps de guerre, d’une bravoure chevaleresque, et d’un caractère plus tourné à la poésie du roman qu’à la prose de la vie réelle. Un prince jeune, vaillant, patient dans les fatigues, et méprisant le danger, faisant à pied, à la tête de son armée, les marches les plus pénibles, gagnant trois batailles sur des forces régulières, un tel prince devait maîtriser ces imaginations ardentes, et entraîner ces esprits jeunes et enthousiastes dans une entreprise à laquelle leur raison ne pouvait néanmoins applaudir.

Ce prince aventureux fut de ces hommes qui se distinguent pendant une éclatante et unique période de leur vie, semblables à ces météores qui passent et qui n’étonnent pas moins les hommes par la brièveté de leur apparition que par la vivacité de leur éclat. Une profonde obscurité couvrit le reste de la vie d’un homme qui, dans sa jeunesse, s’était montré capable de grandes choses ; et, sans vouloir prendre la tâche pénible d’être son historien, nous pouvons dire que les habitudes et la conduite de ce malheureux prince, sur la fin de sa carrière, montrent un cœur brisé par la douleur, qui cherche, dans de honteux plaisirs, un refuge contre ses propres pensées.

Il se passa néanmoins beaucoup de temps avant que Charles-Édouard parût, ou peut-être même fût en effet aussi déchu de

  1. Montagnards d’Écosse. a. m.