Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 21, 1838.djvu/330

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acharnés de notre maison et de notre cause, tous ! le faux, le traître, l’ignoble George, qu’il appelle duc de Glocester ; le buveur de sang Richard ; l’impur Hastings, Howard, Stanley ; en un mot les chefs de tous ces traîtres que je ne voudrais pas nommer, à moins qu’en les nommant mes malédictions ne pussent les balayer de la surface de la terre. — Et je tremble de le demander : Bourgogne se prépare-t-il à les joindre comme un frères d’armes, et à faire cause commune avec cette armée yorkiste, contre le roi Louis de France ? — D’après les avis qui me parviennent, et ils sont particuliers, sûrs, et en outre confirmés par le bruit général… Non, mon cher Oxford, non ! — Les saints en soient loués ! Édouard d’York… je ne médirai pas même d’un ennemi… est un capitaine hardi et sans peur… mais il n’est ni Édouard III, ni l’héroïque Prince Noir… il n’est pas non plus ce Henri V de Lancastre sous qui j’ai gagné mes éperons, et aux descendants duquel la pensée seule de sa glorieuse mémoire m’aurait rendu fidèle, si les serments d’allégeance par moi jurés m’avaient permis de songer à changer de maître et de parti. Laissons Édouard s’engager dans une guerre contre Louis sans l’aide de Bourgogne sur lequel il comptait. Louis, à vrai dire, n’est pas un héros, mais c’est un général circonspect et rusé, plus à craindre peut-être, dans cette époque de dissimulation, que Charlemagne, s’il pouvait relever l’oriflamme, entouré de Roland et de tous ses paladins. Louis ne hasardera point de batailles telles que celles de Poitiers, de Crécy, ou d’Azincourt. Avec mille lances du Hainant et vingt mille écus de Bourgogne en notre pouvoir, Édouard risquera de perdre l’Angleterre, tandis qu’il s’engage dans une lutte prolongée pour reconquérir la Normandie et la Guienne. Mais quels sont les mouvements de Charles de Bourgogne ? — Il a menacé l’Allemagne, et ses troupes sont maintenant occupées à inonder la Lorraine dont il a saisi les principales villes et les châteaux. — Où est Ferrand de Vaudemont… jeune homme courageux et entreprenant, dit-on, qui réclame la Lorraine du chef de sa mère, Yolande d’Anjou, sœur de Votre Grâce ? — Sauvé en Allemagne ou en Suisse. — Que Bourgogne prenne garde à lui, » répliqua le comte expérimenté, « car si le jeune homme déshérité trouvait des confédérés en Allemagne et des alliés parmi les Suisses intrépides, Charles pourrait avoir à combattre en lui un ennemi plus redoutable qu’il ne pense. Pour le moment nous ne sommes forts que de la force du duc, et s’il l’affaiblit en vains et ridicules efforts, nos espérances, hélas ! s’évanouissent avec son pouvoir ; quand même