Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 21, 1838.djvu/474

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d’empêcher le combat qui doit avoir prochainement lieu entre vous et Campo-Basso ; pour l’amour de moi, consentez à redevenir amis et à reprendre vos gages de bataille, que je finisse cette année… la dernière peut-être que je doive voir… par un acte de paix. — Monseigneur, répondit Oxford, vous me demandez là bien peu de chose, puisque votre demande ne fait qu’appuyer un devoir de chrétien. J’étais désespéré d’avoir perdu mon fils, je remercie le Ciel et Votre Altesse de me l’avoir rendu. Être l’ami de Campo-Basso m’est une chose impossible. La bonne foi et la trahison, la vérité et le mensonge, pourraient aussi bien se donner la main et s’embrasser. Mais l’Italien ne sera pour moi ni plus ni moins qu’avant cette rupture, c’est-à-dire absolument rien. Je remets mon honneur au soin de Votre Altesse… s’il consent à reprendre son gage, je reprendrai le mien. John de Vere peut ne pas craindre que le monde suppose qu’il redoute Campo-Basso. »

Le duc lui en fit ses sincères remercîments, et retint les officiers à passer avec lui la soirée dans sa tente. Ses manières semblaient à Arthur être plus calmes qu’il ne les avait jamais vues, tandis qu’elles rappelaient au comte d’Oxford les anciens jours où avait commencé leur intimité, avant que le pouvoir absolu et des succès sans bornes eussent gâté le caractère de Charles, brusque, mais non sans générosité. Le duc ordonna une distribution de vivres et de vin parmi les soldats, témoigna un vif intérêt pour qu’ils fussent bien logés, s’informa des malades et des blessés, et de l’état de l’armée en général ; mais il ne reçut que des réponses peu satisfaisantes. Prenant à part quelques uns de ses conseillers, il leur dit : « Si nous n’avions pas fait un vœu, nous différerions cette entreprise jusqu’au printemps, où nos pauvres soldats pourraient se mettre en campagne sans avoir tant à souffrir. »

Il n’y eut rien autre chose de remarquable dans la conduite du duc, sinon qu’il demanda à plusieurs reprises où était Campo-Basso. On lui annonça enfin qu’il était indisposé, et que son médecin lui avait recommandé le repos : il était donc allé se reposer, afin de pouvoir remplir ses devoirs à la pointe du jour, la sûreté du camp dépendant tout entière de sa vigilance.

Le duc ne fit aucune observation sur cette excuse, qu’il considéra comme indiquant une répugnance cachée, de la part de l’Italien, à se rencontrer avec Oxford : les hôtes du pavillon ducal furent congédiés une heure avant minuit.

Quand Oxford et son fils furent dans leur propre tente, le comte