Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 21, 1838.djvu/99

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Ernest et Sigismond, les trois fils aînés d’Arnold, accompagnaient la députation : du reste, ils n’observaient aucun ordre militaire et ne marchaient ni à côté ni près du cortège patriarcal. Au contraire, ils formaient des troupes de cinq ou six chasseurs, qui exploraient les rochers, les bois et les défilés des montagnes, à travers lesquels passaient les envoyés. Leur pas plus lent permettait à ces jeunes garçons actifs, qui étaient accompagnés de leurs énormes chiens à longs poils, de détruire à loisir les loups et les ours, et parfois de surprendre un chamois sur les crêtes des rochers ; tandis que les chasseurs, tout en poursuivant même leur exercice amusant, ne manquaient pas d’examiner les endroits qui pouvaient favoriser des embuscades : et ainsi ils assuraient les personnes qu’ils escortaient d’une protection plus efficace que s’ils les eussent suivies de près. Une note particulière, qu’on devait tirer du long cornet suisse, fait de la corne d’un taureau des montagnes, était le signal convenu pour se réunir en corps en cas de danger. Rudolphe Donnerhugel, quoique beaucoup plus jeune que ses collègues, dans cette importante mission, prit le commandement de ces gardes-du-corps montagnards, qu’il accompagnait d’ordinaire dans leurs excursions. Sous le rapport des armes, ils étaient bien pourvus, portant des sabres à deux mains, de longues pertuisanes et des pieux, aussi bien que des arbalètes, des arcs longs, des coutelas courts et des couteaux de chasse. Les armes plus lourdes, comme pouvant gêner leur activité, étaient portées avec le bagage, mais disposées de manière à être saisies aisément à la moindre alarme.

Arthur Philipson, comme étant son ancien adversaire, préféra la compagnie et les exercices des plus jeunes à la conversation grave et à la marche lente des pères de la république des montagnes. Il y avait pourtant une tentation à rester en arrière avec le bagage, qui aurait pu, si d’autres circonstances l’avaient permis, réconcilier le jeune Anglais avec l’idée de renoncer aux amusements que les jeunes Suisses recherchaient avec tant d’avidité, et d’endurer le pas lent et l’entretien grave des vieillards de la troupe. En un mot, Anne Geierstein, accompagnée d’une jeune Suissesse, sa suivante, voyageait à l’arrière-garde de la députation.

Les deux femmes étaient montées sur des ânes qui avaient grande peine à suivre les mules portant le bagage ; et l’on peut bien soupçonner qu’Arthur Philipson, en retour des importants services qu’il avait reçus de cette jolie et intéressante demoiselle, n’aurait pas regardé comme un devoir bien pénible celui de venir de temps