Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 21, 1838.djvu/98

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bald d’Hagenbach se réunit enfin à Geierstein, d’où les membres devaient partir et faire route ensemble. Ils étaient au nombre de trois, outre le jeune Bernois et le landamman d’Unterwalden. L’un était, comme Arnold, un propriétaire des cantons de Forêts, portant un costume à peine plus élégant que celui d’un berger ordinaire, mais remarquable par la beauté et la forme de sa longue barbe argentée. Il se nommait Nicolas Bonstetten. Melchior Sturmhal, porte-bannière de Berne, homme de moyen âge et soldat d’un courage distingué, avec Adam Zimmerman, bourgeois de Soleure, qui était de beaucoup plus vieux, complétait le nombre des envoyés.

Chacun d’eux s’était revêtu de ses plus beaux habits ; mais, malgré que l’œil sévère d’Arnold Biederman censurât une boucle ou deux de ceinturon en argent, aussi bien qu’une chaîne de même métal, qui décorait la ronde personne du bourgeois de Soleure, il semblait qu’un peuple victorieux et puissant (car tels devaient être alors estimés les Suisses) n’avait été jamais représenté par une ambassade d’une simplicité si patriarcale. Les ambassadeurs voyageaient à pied, avec leurs bâtons ferrés à la main, comme des pèlerins se rendant à quelque lieu de dévotion. Deux mules, qui portaient leur léger bagage, étaient conduites par de jeunes garçons, fils ou cousins des membres de la députation, qui avaient obtenu de cette manière la permission de voir le monde d’au delà de ces montagnes, autant qu’un pareil voyage semblait devoir leur permettre de satisfaire leur curiosité.

Mais, quoique leur suite fût peu nombreuse, par rapport à leur caractère public ou au service et aux besoins de leurs personnes, néanmoins les circonstances dangereuses de l’époque et l’état peu rassurant du pays au delà de leur propre territoire, ne permettaient pas à des hommes chargés d’affaires si importantes de voyager sans escorte. Le danger même provenant des loups, qui étaient connus, pressés par l’approche de l’hiver, pour descendre de leurs montagnes solitaires dans les villages non fermés, comme ceux où pouvaient s’arrêter les voyageurs, rendait nécessaire la présence d’une garde ; et les bandes des déserteurs de différents pays, qui formaient des troupes de bandits sur les frontières de l’Alsace et de l’Allemagne, venaient encore recommander une pareille précaution.

En conséquence, une vingtaine de jeunes gens choisis dans les divers cantons de la Suisse, parmi lesquels se trouvaient Rudiger,