Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 22, 1838.djvu/9

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Le prince David d’Écosse, qui était alors à l’armée, et qui fut à son retour en Europe le héros de quelques aventures très dramatiques, fut aussi enrôlé à mon service, et il fait partie de mes personnages.

Il est vrai que j’avais déjà employé dans une de mes nouvelles (Ivanhoé) le personnage de Richard Cœur-de-Lion. Mais je me suis proposé de le montrer sous un jour plus particulier dans le Talisman. Alors, c’était un chevalier déguisé ; maintenant il figure sous le caractère déclaré d’un monarque conquérant : je n’ai point douté qu’un souverain aussi cher aux Anglais que notre Richard Ier ne fût capable de les intéresser plus d’une fois.

Il m’était permis de m’emparer de tout ce que nos pères ont raconté, soit réalité, soit fable, sur le compte de cet illustre guerrier, qui fut la plus grande gloire de l’Europe et de la chevalerie ? Les Sarrasins, selon un historien de leur propre pays, se servaient de son nom terrible pour réprimander leurs chevaux lorsqu’ils étaient effrayés : « Pensez-vous, disaient-ils, que le roi Richard est sur vos traces, que vous montrez une si grande frayeur ? » Le livre le plus curieux sur l’histoire du roi Richard est un roman traduit du normand ; ce fut d’abord sans aucun doute un livre de chevalerie, mais il s’est rempli successivement des fables les plus étonnantes et les plus monstrueuses. Il n’existe peut-être pas un roman en vers qui présente, au milieu de faits réels et curieux, un mélange pareil d’événements absurdes ou exagérés.

Un des principaux incidents de cette histoire est celui d’où son titre est tiré. De tous les peuples de la terre, les Perses furent peut-être le plus remarquable par leur crédulité inébranlable dans les amulettes, les charmes ou talismans, composés, croyaient-ils, sous l’influence de quelques planètes particulières, et possédant de grands pouvoirs médicaux ou pouvant donner aux hommes les moyens de commander à la fortune. On raconte dans l’ouest de l’Écosse une histoire de ce genre, qui est arrivée à un croisé de distinction : la relique à laquelle elle se rapporte existe encore, et même elle est tenue en grande vénération.

Sir Simon Lockhart de Lee et Cartland fut un personnage considérable sous le règne de Robert Bruce et sous celui de son fils David. Il était un des chefs de cette bande d’Écossais qui accompagnèrent Jacques, le bon lord Douglas, dans son expédition commencée pour la Terre-Sainte où il voulait porter le cœur du roi Robert Bruce. Douglas, impatient de combattre les Sarrasins, entra en guerre