Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 23, 1838.djvu/170

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

coup pouvoir, et si ce n’était compromettre la dignité de la couronne, je me soumettrais moi-même à la juridiction. Mais nous espérons que tandis que les foudres de l’Église seront lancées contre les vils auteurs de ces détestables hérésies, on usera de mesures douces et miséricordieuses à l’égard des malheureuses victimes qu’elles ont égarées. — Telle est toujours la conduite de la sainte Église, milord ! répondit le prieur de Saint-Dominique. — Eh ! bien, donc, que la commission soit expédiée avec les formalités voulues, au nom de notre frère Albany, et de tels autres qui en seront jugés dignes ; et maintenant levons la séance ; Rothsay, viens avec moi, et donne-moi le bras, j’ai certaines choses à te dire en particulier. — Ho, là ! » s’écria le prince du ton dont il aurait parlé à un cheval pour l’arrêter.

« Que signifie cette grossièreté ? mon fils, dit le roi ; n’auras-tu jamais ni raison ni politesse ? — Ne pensez pas que j’aie voulu vous offenser, mon souverain, dit le prince ; mais nous allions nous séparer sans convenir de ce qu’il fallait faire dans cette étrange histoire de la main morte, que le noble Douglas a si galamment relevée. Nous ne serons pas trop à notre aise à Perth, si nous sommes en brouillerie avec les citoyens. — Laissez-moi le soin d’y penser, répliqua Albany ; moyennant quelques petites concessions de terres et d’argent, et de belles paroles en quantité, on pourrait, cette fois, satisfaire les bourgeois. Mais il serait bien que les barons et leurs gens fussent avertis de ne point troubler la paix dans la ville. — Certainement, nous n’y manquerons pas, dit le roi ; que des ordres stricts soient donnés en conséquence. — C’est faire trop d’honneur à ces manants, dit Douglas ; mais qu’il soit fait selon le bon plaisir de Votre Altesse. Je prends la permission de me retirer. — Pas avant de goûter un flacon de vin de Gascogne, milord, dit le roi. — Pardon, répliqua le comte, je n’ai point soif, et je ne bois pas par mode, mais par besoin, ou par amitié. » À ces mots, il sortit.

Le roi, comme soulagé par son départ, se tourna vers Albany, et dit : « Maintenant, milord, nous devrions gronder notre espiègle de Rothsay. Pourtant il nous a si bien servis au conseil que nous devons agréer ses mérites en expiation de ses folies. — Je suis heureux de l’entendre dire, » répliqua Albany avec un air de pitié et d’incrédulité, comme s’il ne connaissait rien de ces services supposés.

« Oh ! frère, vous êtes lent à comprendre, dit le roi ; car je ne