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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 23, 1838.djvu/241

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vrant la porte pour sortir, la personne la plus chère à son cœur, mais celle qu’il s’attendait le moins à voir, parut et se précipita dans ses bras.

La surprise, la joie et l’inquiétude qui se disputèrent son âme ne le privèrent pas de la présence d’esprit nécessaire en cette occasion. Transporter Catherine Glover dans un lieu sûr, la rappeler à elle-même, voilà ce qu’il fallait faire avant de se rendre aux ordres des magistrats, quelque pressants qu’ils fussent. Il porta son léger fardeau, plus précieux pour lui que le même poids de l’or le plus pur, dans une petite chambre qui avait été celle de sa mère ; elle convenait à un malade, car elle donnait sur un jardin et était hors de portée des bruits de la rue.

« Viens ici, nourrice… nourrice Shoolbred… viens vite… viens, il y va de la vie et de la mort… Il y a ici quelqu’un qui a besoin de ton secours. »

La vieille dame accourut. « Si ce quelqu’un pouvait t’empêcher d’aller te mêler dans la bagarre ! » se disait-elle, car elle aussi avait été réveillée par le tumulte. Mais quelle fut sa surprise quand elle aperçut la Jolie Fille de Perth qui paraissait sans vie, placée avec amour et respect sur le lit de sa défunte maîtresse, et soutenue par le bras vigoureux de son cher fils. « Catherine Glover ! s’écria-t-elle ; et, sainte mère de Dieu ! Catherine Glover qui paraît morte ! — Non, non, vieille femme, répondit Henri… ce cœur chéri bat encore… cette douce haleine va et revient ! Accours, tu pourras la secourir mieux que moi… Apporte de l’eau, des essences… tout ce que ta vieille expérience pourra imaginer. Le ciel ne l’a pas mise dans mes bras pour mourir, mais afin de vivre pour elle et pour moi. »

Avec plus d’activité qu’on n’en pouvait attendre de son âge, la nourrice Shoolbred réunit ce qui était nécessaire pour faire cesser un évanouissement : car, comme beaucoup de femmes, à cette époque, elle connaissait les remèdes les plus efficaces pour des accidents semblables. Elle savait même traiter les blessures ordinaires, science que les inclinations guerrières de son cher fils lui donnaient souvent occasion de mettre en usage.

« Allons, dit-elle, mon fils Henri, ôtez vos bras d’autour de ma malade… Je conçois le plaisir que vous avez à la presser ainsi, mais mettez vos bras en liberté pour me donner ce dont j’ai besoin. Cependant je n’exigerai pas que vous quittiez sa main si vous voulez en frapper la paume doucement à mesure que ses