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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 23, 1838.djvu/275

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comme le malheureux que l’animal a mordu, et qui commence à sentir l’approche de l’horrible maladie. Ce méchant enfant, Crayford, a vu mon supplice, et il ne m’a pas épargné une goutte de la coupe amère. Il faut que je lui rende justice, en vérité ! Si j’avais rendu justice à lui et à tout le monde, je l’aurais jeté par la fenêtre, et j’aurais mis fin à une vie qui, si elle continue ainsi, sera une source de malheurs pour toute l’Écosse, mais spécialement pour ce côté-ci du Tay. Faites attention en levant les appareils, chirurgien. L’attouchement de l’aile d’une mouche sur le tronc brûlant me ferait souffrir comme un coup de dague. — Ne craignez rien, mon noble patron, » dit l’apothicaire avec un rire de contentement qu’il s’efforçait vainement de déguiser sous un air de sensibilité affecté, « nous appliquerons un baume rafraîchissant, et… Ah, ah, ah !… nous soulagerons Votre Seigneurie de l’irritation qu’elle supporte avec tant de fermeté. — Avec fermeté, » dit Ramorny, à qui l’excès de la souffrance faisait grincer les dents ; « je supporte cela comme je supporterais les flammes du purgatoire… L’os me semble être de fer rouge… Ton onguent onctueux sifflera en tombant sur la blessure… Et encore, c’est le froid de décembre auprès de la fièvre brûlante de mon esprit ! — Nous ferons d’abord usage de nos remèdes adoucissants pour le corps, mon noble patron, et ensuite, avec votre permission, le serviteur de Votre Seigneurie emploiera son art pour calmer l’esprit… mais j’ai l’espérance que les souffrances de l’esprit dépendent, jusqu’à un certain point, de l’irritation de la blessure, et que les douleurs du corps, une fois calmées, comme j’espère qu’elles le seront bientôt, les orages de l’âme se dissiperont d’eux-mêmes. — Henbane, » dit le patient quand il sentit en effet la douleur de sa blessure un peu calmée, « tu es un précieux et incomparable médecin ; mais il y a des choses au-dessus de ton art ; tu peux endormir la sensation corporelle de ces souffrances infernales, mais tu ne peux m’apprendre à endurer les dédains de ce jeune homme que j’ai élevé, que j’aimais, Dwining… car je l’aimais… je l’aimais tendrement ! Les pires de mes mauvaises actions ont été commises pour flatter ses vices, et il m’a refusé un mot de sa bouche, quand ce mot aurait dissipé mes embarras. Il souriait, oui… Je l’ai vu sourire, quand ce misérable prévôt, le compagnon et le patron de ces misérables bourgeois, me défiait ! moi, que ce prince sans cœur savait hors d’état de porter les armes : avant que j’oublie une telle ingratitude ou que je la par-