Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 23, 1838.djvu/290

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raître au grand jour. Tous deux prêtèrent serment de la justice de leur cause ; Henri Gow s’acquitta de cette formalité avec une assurance noble et tranquille… Bonthron, avec une résolution farouche, ce qui fit dire au duc de Rothsay en s’adressant au connétable : « Avez-vous jamais vu, mon cher Errol, un aussi repoussant mélange de cruauté et de peur, que sur le visage de ce scélérat ? — Il n’est pas beau, répondit Errol, mais c’est un redoutable coquin, à ce que j’ai vu. — Je gagerais un muid de vin avec vous, mon cher lord, qu’il sera vaincu. Henri l’armurier est aussi vigoureux et plus leste. Et voyez son air d’assurance !… Il y a dans son adversaire quelque chose d’odieux. Donnez le signal, mon cher connétable, car je souffre de voir cet homme. »

Le grand connétable s’adressa alors à la veuve qui, vêtue de deuil et ayant toujours ses enfants auprès d’elle, occupait un siège dans la lice : « Femme, lui dit-il, consentez-vous à ce que cet homme, Henri l’armurier, combatte comme votre champion dans cette querelle ? — Oui, j’y consens et de grand cœur, répondit Madeleine Proudfute, et puissent les bénédictions de Dieu et de saint Jean lui donner vigueur et bonne fortune, puisqu’il tire l’épée pour la veuve et les orphelins ! — Je déclare donc que ceci est un champ clos, » dit le connétable à haute voix ; « que personne, au péril de sa vie, n’interrompe ce combat par parole, discours, regards ou par gestes… Sonnez, trompettes, et en avant, combattants. »

Les trompettes sonnèrent, et les combattants, s’avançant des extrémités opposées de la lice, d’un pas ferme et égal, se considéraient l’un l’autre attentivement, habiles à juger, d’après le mouvement d’œil, la direction dans laquelle le coup serait porté. Ils s’arrêtèrent en face et à portée, ils essayèrent tour à tour de plus d’une feinte, chacun afin de reconnaître l’activité et la vigilance de son adversaire. À la fin, soit que ces manœuvres l’ennuyassent, soit qu’il craignît que dans cette lutte prolongée la légèreté de Smith n’eût l’avantage sur sa force brutale, Bonthron leva sa hache pour en décharger un coup perpendiculaire, ajoutant ainsi au poids de l’arme toute la force de ses bras vigoureux. L’armurier évita le coup en se jetant de côté, car il était trop violemment assené pour qu’il fût possible de le parer ; avant que Bonthron se fût remis en garde, Henri lui porta un coup si rude sur son casque d’acier, qu’il l’étendit à terre.

« Confesse ton crime ou meurs ! » dit le vainqueur en plaçant