Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 23, 1838.djvu/371

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Grâce lui infligera une douce punition. — Sur ma foi, il y a longtemps que je voudrais être son confesseur ; mais je l’ai toujours trouvée sur la réserve. — L’occasion vous a manqué, milord, et maintenant le même temps presse. — Je ne me sens que trop disposé à faire une folie ; mais mon père… — Il est en sûreté, et aussi libre qu’il peut jamais l’être, tandis que Votre Altesse… — Doit toujours porter des fers, quand ce ne serait que ceux de l’hymen, je le sais. Je vois venir Douglas conduisant sa fille, aussi hautaine, les traits aussi durs que lui, sauf les traces de l’âge. — Et dans la solitude, à Falkland est la plus jolie fille d’Écosse. Ici est la pénitence et la contrainte, là la joie et la liberté. — Tu l’emportes, sage conseiller, s’écria Rothsay ; mais songes-y bien, ce sera la dernière de mes folies. — Je l’espère ainsi ; car une fois en liberté, vous ferez un accommodement avec votre royal père. — Je veux lui écrire, Ramorny. Donne-moi ce qu’il faut pour écrire… Non, je ne puis mettre mes idées en ordre… Écris toi-même. — Votre Altesse royale oublie… » dit Ramorny en montrant son bras mutilé.

« Ah ! cette maudite main ! Comment ferons-nous ? — S’il plaît à Votre Altesse, répondit le conseiller, nous pourrions nous servir de la main du médecin Dwining ; il écrit comme un clerc. — Connaît-il les circonstances ?… est-il au fait ? — Il les connaît parfaitement, » répondit Ramorny ; et allant à la fenêtre, il appela Dwining, qui était dans la barque.

Le médecin s’avança devant le prince avec autant de précaution que s’il eût marché sur des œufs, les yeux baissés, et son corps semblant se retenir et se resserrer par l’effet de la crainte.

« Tenez, voici de quoi écrire ; je veux voir ce que vous savez faire. Vous savez de quoi il s’agit ; exposer ma conduite à mon père sous un jour favorable. »

Dwining s’assit, et en quelques minutes il écrivit une lettre qu’il présenta à sir John Ramorny.

« Il faut que le diable t’ait aidé, Dwining, dit le chevalier ; écoutez, milord :

« Mon père respecté et royal seigneur, je vous fais savoir que des motifs puissants me portent à quitter votre cour pour aller habiter à Falkland. Ce château appartient à mon très-cher oncle Albany avec qui je sais que Votre Majesté veut me voir vivre en toute familiarité, et d’ailleurs c’est la demeure d’une personne à