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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 23, 1838.djvu/404

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épuisée par la douleur et la violence de ses émotions, obtint enfin la permission de quitter cette scène horrible, et au milieu de la confusion qui remplissait le château, elle parvint à regagner son ancien appartement ; là, elle fut pressée dans les bras de Louise, qui était revenue au château.

Douglas continua ses recherches : on trouva dans la main du prince une poignée de cheveux ressemblant, pour la couleur et la dureté, à la chevelure rude et noire de Bonthron ; d’après cela, il semblait que si la famine avait commencé l’œuvre, la mort de Rothsay avait été consommée par un acte de violence. L’escalier dérobé du souterrain, dont les clefs furent trouvées à la ceinture de cet assassin subalterne… la situation de ce cachot, sa communication avec l’extérieur par la fente pratiquée dans le mur, la misérable litière de paille, les fers qui se trouvaient auprès, tout confirma le récit de Catherine et de la chanteuse.

« Nous n’hésiterons pas un instant, « dit Douglas à son proche parent, lord Balveny, aussitôt qu’ils furent remontés du cachot. « Qu’on emmène les meurtriers, et qu’on les pende sur les remparts. — Mais, milord, on pourrait observer quelques formes judiciaires, répondit Balveny. — Pourquoi ? dit Douglas ; je les ai pris en flagrant délit ; j’ai le droit de les faire exécuter sur-le-champ. Cependant, attendez. N’avons-nous pas dans notre troupe quelque homme de Jedwood ? — Nous ne manquons pas de Turnbull, de Rutherford, d’Ainfies et autres, dit Balveny. — Eh bien ! faites-en un tribunal d’enquête ; ils sont tous braves et fidèles, si ce n’est que tous les moyens leur sont bons pour gagner leur vie. Veillez à l’exécution de ces coquins pendant que je tiendrai une cour de justice dans la grande salle, et nous verrons qui du jury ou du maréchal prévôt fera sa besogne plus vite. Nous rendrons la justice à la manière de Jedwood… pendez à la hâte, et jugez à loisir. — Arrêtez, milord, dit Ramorny, vous pourriez vous repentir de votre précipitation. Voulez-vous me permettre de vous dire un mot en particulier. — Non ; pour l’univers entier, répliqua Douglas ; dis ce que tu as à dire devant tous ceux qui sont ici présents. — Sachez donc tous, » dit Ramorny d’une voix haute, « que ce noble comte a reçu du duc d’Albany et de moi, par l’entremise de ce lâche traître de Buncle… qu’il le nie, s’il ose… des lettres conseillant d’écarter le duc de Rothsay pour un temps de la cour et de le renfermer dans ce château de Falkland. — Mais non de le jeter dans un cachot, » répondit Douglas avec un sombre sourire,