Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 23, 1838.djvu/419

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conférence : « peu m’importe l’endroit où il sera transféré, pourvu que ce ne soit ni à Stirling, ni à Doune, ni à Falkland. »

Là-dessus il quitta brusquement la salle.

« Il est parti, murmura l’hypocrite Albany… Il faut qu’il soit mon allié… Pourtant il se sent disposé à être mon mortel ennemi. Quoi qu’il fasse… Rothsay dort avec ses pères… Jacques peut suivre avec le temps, et puis… une couronne sera la récompense de mes perplexités. »


CHAPITRE XXXIV.

LE COMBAT.


Un jour à Saint-Johnstown, près du couvent des moines noirs, trente contre trente se sont battus en champ clos.
Wyntoun.


Le dimanche des Rameaux était arrivé. Dans les premiers temps de l’Église chrétienne, l’emploi d’un des jours de la semaine sainte à un combat aurait été regardé comme une impiété digne d’excommunication. L’Église de Rome, à son honneur infini, avait décidé que durant le saint temps de Pâques, anniversaire de la rédemption de l’homme, l’épée de la vaine gloire devait être rengainée, et que les monarques ennemis respecteraient la période de ce temps nommée Trêve de Dieu. La violence barbare des dernières guerres entre l’Angleterre et l’Écosse avait détruit toute observation de cette sage et religieuse ordonnance. Fort souvent les fêtes les plus solennelles étaient choisies pour jour d’attaque par un parti, parce qu’il espérait trouver l’autre occupé à remplir des devoirs religieux, et partant mal préparé à la défense. Ainsi la trêve, autrefois considérée comme sacrée, n’était plus d’usage ; et il ne semblait pas extraordinaire qu’on choisît les fêtes les plus saintes pour décider une contestation par un combat judiciaire, avec lequel le combat de ce jour avait une forte ressemblance.

En la présente occasion pourtant, les pieuses cérémonies furent remplies avec la solennité ordinaire, et les combattants eux-mêmes y prirent part, portant des branches d’ifs dans leurs mains, et suppléant ainsi d’eux-mêmes au manque de rameaux. Ils se rendirent respectivement au couvent des dominicains et à celui des chartreux, pour entendre la grand’messe, et se préparer, au