Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 23, 1838.djvu/426

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Les hérauts s’étaient mis en marche et avaient déjà parcouru la moitié de la lice, s’arrêtant de temps à autre pour faire la proclamation convenue, sans rencontrer nulle part la moindre disposition à accepter l’offre du combat. Les uns riaient de la pauvreté des montagnards, qui proposaient si peu pour un service si périlleux ; d’autres se fâchaient de ce qu’on prisât si peu le sang des citoyens. Personne ne montrait la moindre intention d’entreprendre la tâche proposée, jusqu’au moment où la proclamation arriva aux oreilles d’Henri du Wynd, qui se tenait en dehors des barrières, parlant de temps à autre au bailli Craigdallie, ou plutôt écoutant sans beaucoup d’attention ce que le magistrat lui disait.

« Holà ! que proclame-t-on ? s’écria-t-il. — Une offre généreuse de par Mac-Gillie Chattanach, dit l’hôte du Griffon, qui propose une couronne d’or à quiconque voudra se faire chat sauvage pour aujourd’hui, et recevoir quelque horion à son service. Voilà tout. — Comment ! » s’écria l’armurier avec vivacité, « ne demande-t-on pas un homme pour combattre contre le clan de Quhele ? — Ma foi, oui, répliqua Griffon ; mais je crois qu’il ne se trouvera pas de pareil fou dans Perth. »

Il avait à peine parlé, qu’il vit l’armurier escalader la barrière d’un seul saut, et s’élancer dans la lice en s’écriant : « Me voilà, sire héraut ! moi Henri du Wynd, prêt à combattre contre le clan de Quhele. »

Un cri d’admiration courut parmi la multitude, tandis que les graves bourgeois, ne pouvant apercevoir aucun motif à la conduite de Henri, en concluaient que la tête lui tournait par amour des combats. Le prévôt surtout en demeura stupéfait.

« Tu es fou, dit-il, Henri ! tu n’as ni épée à deux mains, ni cotte de mailles… — Vraiment non, répliqua Henri, car j’ai cédé une cotte de mailles, que j’avais forgée pour moi-même, à ce beau chef du clan de Quhele, qui sentira bientôt sur ses épaules de quelle espèce de coups je bats mon fer. Quant à l’épée à deux mains, pourquoi cette arme d’enfant ne me suffirait-elle pas jusqu’à ce que j’en prenne de force une plus lourde. — C’est impossible, dit Errol. Écoute, Smith, par sainte Marie, tu vas avoir mon haubert de Milan et ma bonne épée d’Espagne. — Je vous remercie, noble comte. Mais le soc de charrue avec lequel votre brave aïeul, sir Gilbert Hay, décida la bataille de Loncarty, me servirait aussi bien. Je suis gauche à manier une épée, à porter une cuirasse que je n’ai point fabriquée moi-même, parce que j’ignore quels