Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 24, 1838.djvu/31

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Ces athlètes n’étaient cependant point, en général, d’une taille aussi élevée que l’étranger arrêté devant la Porte d’Or. Ses yeux bleus au regard perçant, et les cheveux blonds qui s’échappaient d’un casque richement orné d’argent, dont le cimier représentait un dragon entr’ouvrant ses terribles mâchoires, indiquaient une origine du nord, qu’attestait encore l’extrême beauté de son teint. Cependant rien dans cette beauté n’était efféminé : sa force, son air de vigueur et de confiance disaient suffisamment le contraire, et l’expression avec laquelle ce jeune homme contemplait les merveilles dont il était entouré indiquaient non l’étonnement stupide d’un esprit dépourvu d’instruction et d’expérience, mais l’intelligence hardie, qui comprend d’abord la plus grande partie de ce qui la frappe, et cherche avec ardeur à découvrir ce qui lui reste à comprendre, ou ce qu’elle craint d’avoir mal interprété. Ce regard plein d’intelligence donnait un singulier intérêt à la personne du jeune étranger ; et les spectateurs, tout en s’étonnant qu’un Barbare possédât ce noble maintien qui révèle un esprit supérieur, éprouvaient une sorte de respect pour la dignité avec laquelle il contemplait des merveilles et une splendeur dont ses regards étaient sans doute frappés pour la première fois.

Le costume du jeune homme offrait un mélange singulier de richesse et de frivolité, quoiqu’il fût d’ailleurs propre à faire reconnaître au spectateur un peu expérimenté la nation à laquelle ce jeune homme appartenait et le rang qu’il occupait dans l’armée. Avec le casque au cimier bizarre que nous avons décrit il portait une légère cuirasse d’argent, mais dans laquelle la matière avait été si fort épargnée, qu’elle ne pouvait évidemment offrir à la poitrine qu’une très faible garantie ; sur cette cuirasse était suspendu un bouclier qui ressemblait plutôt à un ornement qu’à une arme défensive : il était facile de voir qu’il n’était pas d’une trempe à résister à un javelot adroitement lancé, ou au fer vigoureux d’une flèche.

Sur les épaules du guerrier flottait une espèce de surtout qui ressemblait à une peau d’ours, mais qui, vu de près, n’était qu’un tissu à longues soies, imitant très adroitement cette fourrure. À son côté était suspendu un sabre courbé ou cimeterre dont le fourreau était en or et en ivoire, et dont la poignée très ornée paraissait beaucoup trop petite pour la large et nerveuse main du jeune Hercule si élégamment vêtu. Un justaucorps couleur de pourpre lui descendait au dessus du genoux ; ses jambes nues jusqu’au mollet