Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 24, 1838.djvu/377

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« La lice, dit-il, n’était ouverte qu’à des chevaliers et à des nobles, ou, en tout cas, les gens qui pouvaient s’y rencontrer devaient être égaux par le sang et par la naissance. Il ne pouvait donc rester témoin muet d’une violation si complète des lois de la chevalerie. — Que le comte Robert de Paris, dit le Varangien, regarde ma figure, et qu’il dise s’il n’a point promis de renoncer à toute objection contre notre combat qui serait basée sur l’inégalité de condition ; qu’il juge lui-même si, en marchant à ma rencontre dans ce champ clos, il fera plus que tenir une parole par laquelle il est depuis long-temps engagé. »

À cet appel le comte Robert s’avança, et reconnut sans difficulté que, malgré la différence de leur rang, il se regardait comme tenu par sa parole solennelle à combattre ce vaillant soldat en champ clos. « Il regrettait, ajouta-t-il, attendu les éminents services de cet homme courageux, et les hautes qualités qui le distinguaient, qu’ils se trouvassent dans la nécessité de vider une querelle semblable par le sang de l’un ou de l’autre ; mais puisque rien n’était plus commun que de voir des amis forcés par le sort de la guerre de se combattre à mort, il ne rétracterait pas l’engagement qu’il avait pris ; et il ne croyait pas que son honneur fût le moins du monde souillé ou terni parce qu’il descendait dans la lice contre un guerrier si bien connu et d’un si grand renom qu’Hereward, le brave Varangien. » Il ajouta encore qu’il consentait volontiers que le combat eût lieu à pied et avec la hache, arme ordinaire de la garde varangienne.

Hereward était resté immobile comme une statue pendant ce discours ; mais, quand le comte Robert eut fini de parler, il s’inclina vers lui avec une gracieuse salutation, et se déclara honoré et satisfait de la noble manière dont le comte s’acquittait de sa promesse avec tout honneur et toute fidélité.

« Ce que nous avons à faire, » dit le comte Robert avec un regret involontaire, que même son amour des combats ne put réprimer, « faisons-le promptement : le cœur peut être affecté, mais la main doit faire son devoir. »

Hereward fit un geste d’assentiment, et répliqua : « Alors ne perdons pas de temps, car il s’enfuit déjà bien vite. » Et saisissant sa hache, il se tint prêt à combattre.

« Je suis prêt aussi, » dit le comte de Paris en prenant une même arme des mains d’un soldat varangien qui se tenait près de la lice.