Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 24, 1838.djvu/44

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l’antique voûte ; le barbare, le bras levé, s’arrêta un instant avant de porter le dernier coup à son ennemi. Les gardes firent alors un mouvement comme pour voler au secours de Sebastes ; mais Harpax leur ordonna à voix basse de rester immobiles.

« Que chacun de vous reste à sa place, dit-il, et arrive que pourra. Je vois venir là-bas un capitaine de la garde. Le secret n’est connu que de nous, si le sauvage a tué le Mitylénien, comme je le crois fort, car il ne remue ni pied ni main ; mais s’il vit encore, camarades, faites-vous des fronts d’airain : il est seul, et nous sommes douze. Souvenez-vous que nous ne savons rien de son dessein, si ce n’est qu’il voulait voir pourquoi le barbare dormait si près des portes. »

Tandis que le centurion se hâtait de faire connaître ses intentions à ses subordonnés, on aperçut distinctement la taille haute et majestueuse d’un militaire richement armé et la tête couverte d’un casque dont le haut cimier brillait à la clarté de la lune ; bientôt on le vit entrer dans l’ombre de la voûte. Un chuchotement passa de bouche en bouche parmi les gardes qui étaient sur les murailles.

« Tirez le verrou, fermez la porte, et que le Mitylénien devienne ce qu’il pourra, dit le centurion ; nous sommes perdus si nous le reconnaissons pour un des nôtres. Voici le chef des Varangiens lui-même. — Eh bien ! Hereward, » dit l’officier qui arrivait en ce moment, et qui parlait une sorte de langue franque généralement adoptée par les barbares de la garde, « as-tu pris un faucon de nuit ? — Oui, par saint George ! répondit le soldat ; mais dans mon pays, nous appellerions cela un épervier. — Qui est-il ? — Il vous le dira lui-même, quand j’aurai levé le pied qui lui ôte la faculté de respirer. — Lève-le donc, dit l’officier.

L’Anglais obéit ; mais à peine le Mitylénien se retrouva-t-il en liberté, que s’échappant avec une rapidité difficile à prévoir, il s’élança de dessous le porche, et profitant des ornements compliqués qui avaient décoré dans l’origine l’extérieur de la porte, il prit sa course autour des arcs-boutants et des saillies, poursuivi de près par le Varangien, qui, embarrassé par son armure, était un mauvais champion à la course, pour le Grec au pied léger qui profitait habilement de tous ses avantages. L’officier riait de tout son cœur à l’aspect de ces deux figures qui, semblables à des ombres, paraissaient et disparaissaient en fuyant autour de l’arc de triomphe de Théodose.