Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 24, 1838.djvu/49

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favorable pour insister sur la stricte observance des lois de l’étiquette, dont il ne s’écartait presque jamais, et qui était un de ses grands titres au nom de soldat. « Cependant, continua-t-il, sans la vigilance constante de votre chef, mon enfant, les nobles Varangiens seraient confondus dans la masse générale de l’armée avec les cohortes païennes des Huns, des Scythes et de ces infidèles à turban. C’est même pour cette raison que votre commandant court ici beaucoup de dangers ; c’est parce qu’il maintient la supériorité de ces haches d’armes sur les misérables traits des tribus orientales et sur les javelots des Maures, qui ne sont bons qu’à servir de jouets aux enfants. — Vous n’êtes exposé à aucun danger dont ces haches ne puissent vous préserver, » répondit le soldat en s’approchant d’Achille avec un air et un maintien pleins de confiance et d’audace. — Ne le sais-je pas ! reprit Achille ; mais c’est à ton bras seul que l’Acolouthos de Sa Majesté très sacrée confie maintenant sa sûreté. — Calculez vous-même tout ce que peut faire un soldat, et comptez ce seul bras comme en valant deux contre tout sujet de l’empereur qui ne fait pas partie de notre corps. — Écoute-moi, mon brave ami : ce Nicanor a été assez audacieux pour insulter notre corps en l’accusant, dieux et déesses ! de pillage sur le champ de bataille, et, ce qui est plus sacrilège encore, d’avoir bu le vin précieux qui était destiné à Sa Majesté très sacrée. Et comme cette accusation fut faite en présence de la personne très sacrée de l’empereur, tu peux croire que… — Vous avez dit à l’accusateur qu’il en avait menti par la gorge ! interrompit le Varangien ; vous lui avez assigné un rendez-vous quelque part dans ces environs, et vous avez choisi pour vous accompagner votre pauvre Hereward d’Hampton, qu’un tel honneur rend votre esclave pour la vie entière ! J’aurais seulement désiré que vous m’eussiez ordonné de prendre mes armes ordinaires ; mais n’importe, j’ai ma hache d’armes, et… »

Ici l’officier se hâta de l’interrompre, se sentant quelque peu confus et embarrassé de l’impétuosité et du feu avec lequel le jeune soldat avait prononcé ces mots :

« Paix ! mon fils, reprit Achille Tatius, parle plus bas, mon excellent Hereward : tu te méprends sur cette affaire. Avec toi à mon côté, je n’hésiterais certainement pas à défier cinq champions comme Nicanor ; mais ce ne serait pas agir selon la loi de ce très saint empire, ni selon les sentiments du prince trois fois illustre qui le gouverne. Tu t’es laissé pervertir, mon brave soldat, par les fanfaronnades des Francs, dont nous entendons parler davantage