Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 25, 1838.djvu/133

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si sa conduite à mon égard est telle qu’il la puisse oublier, ; ou que je doive la pardonner ; et j’espère qu’il me comprendra lorsque je lui dis que tout rapport doit désormais cesser entre lui et le prétendu Augustin. »

« C’est de la folie ! s’écria l’abbé après avoir lu la lettre… la folie accompagne assez fréquemment cette maladie pestilentielle, et je ferais bien de recommander aux soldats qui rattraperont ce jeune Augustin de le remettre immédiatement au pain et à l’eau ; et d’avoir bien soin qu’on ne lui laisse manger absolument que ce qui est nécessaire pour entretenir la vie ; même je ne serais sans doute pas désapprouvé par les doctes si je conseillais de temps à autre quelques flagellations avec courroies, ceintures et sangles, ou même avec de véritables fouets, de bonnes houssines, etc. — Paix ! mon révérend père, dit de Valence, je commence à comprendre tout cela. John de Walton, si mes soupçons étaient vrais, préférerait se faire écorcher plutôt que de consentir à ce qu’un doigt de cet Augustin fût piqué par un moucheron. Au lieu de traiter ce jeune homme de fou, je me contenterai d’avouer que, pour ma part, j’ai été sous l’influence d’un charme ; et, sur mon honneur, si j’envoie mes gens sur les traces des fugitifs, ce sera en leur recommandant bien, lorsqu’ils les auront saisis, de les traiter avec respect, et de les protéger jusqu’à tel lieu de refuge honnête qu’ils pourront choisir. — J’espère, » répliqua l’abbé qui avait l’air étrangement confus, « que je serai d’abord entendu dans l’intérêt de l’Église, touchant cette affaire d’une nonne enlevée ? Vous voyez vous-même, sire chevalier, que ce freluquet de ménestrel ne montre ni repentir ni contrition de la part qu’il a prise à cette méchante action. — On vous mettra à même d’être entendu tout au long, répliqua le chevalier, pour peu que vous en conserviez le désir. En attendant, je retourne au château, sans perdre un instant, informer sir John de Walton de la tournure qu’ont prise les affaires. Adieu, révérend père ; sur mon honneur, nous pouvons nous applaudir l’un l’autre d’être débarrassés d’une terrible commission, et les fantômes qui nous entouraient vont être dissipés par un moyen bien simple : il ne s’agit que de réveiller le dormeur. Mais, par Sainte-Brigitte ! tout prêtre et tout laïque doit prendre en commisération l’infortuné sir John de Walton. Je vous dis, père, que si cette lettre, » ajouta-t-il en la touchant du doigt, « doit être comprise littéralement, il est l’homme le plus digne de pitié qui respire entre les rives de la Solway et le lieu où nous sommes en ce moment. Retenez votre curiosité,