Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 25, 1838.djvu/132

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chemar tel que sœur Ursule, dans une si grande atrocité ? Assurément il ne peut alléguer pour excuse ni tentation ni séduction, et comme dit le proverbe : « Il ne pouvait guère aller au diable en plus vilaine compagnie. » — Je vais envoyer mes soldats à la poursuite des fugitifs, dit de Valence, à moins que cette lettre, que le pèlerin doit avoir laissée exprès, ne contienne des éclaircissements sur notre mystérieux prisonnier. »

Après en avoir examiné le contenu avec quelque surprise, il lut à haute voix : « Je soussigné, naguère logé au monastère de Sainte-Brigitte, vous informe, père Jérôme, abbé du susdit couvent, que, vous voyant disposé à me traiter en captif et en espion dans le sanctuaire où vous m’aviez reçu comme malade, j’ai résolu de recouvrer ma liberté naturelle dont vous n’avez pas le droit de me priver, et en conséquence je quitte votre abbaye. D’ailleurs, ayant trouvé la novice, appelée dans votre couvent sœur Ursule, laquelle, d’après la règle monastique, est libre, au bout d’un an de noviciat, de rentrer dans le monde ; l’ayant trouvée, dis-je, déterminée à faire usage de ce privilège, je l’ai secondée avec joie dans ce but légitime, conforme à la loi de Dieu et aux règlements de Sainte-Brigitte, qui ne vous donne aucune autorité pour retenir les personnes de force, si elles n’ont pas irrévocablement prononcé les vœux de l’ordre.

« Quant à vous, sir John de Walton et sir Aymer de Valence, chevaliers d’Angleterre, commandant la garnison du château de Douglas, j’ai seulement à vous dire que vous avez agi et que vous agissez à mon égard sous l’influence d’un mystère dont la solution n’est connue que de mon fidèle ménestrel, Bertram, dont j’ai jugé convenable de me faire passer pour le fils. Mais comme je ne saurais sans quelque honte me résoudre à vous dévoiler moi-même ce secret, je donne permission à Bertram le ménestrel, et même je lui ordonne de vous dire dans quel but j’avais dirigé mes pas vers le château de Douglas. Quand ce secret sera connu, il ne restera qu’à exprimer mes sentiments à l’égard des deux chevaliers, en retour des peines et des chagrins qu’ils m’ont causés par leurs violences et leurs menaces.

« Et d’abord, relativement à sir Aymer de Valence, je lui pardonne volontiers une erreur à laquelle je me suis prêtée moi-même : ce sera toujours avec plaisir que je le reverrai comme une ancienne connaissance ; je ne penserai à l’histoire de ces quelques jours que pour m’en amuser.

« Mais quant à sir John de Walton, je dois le prier de se demander