Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 25, 1838.djvu/157

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heures, et l’aiguille perdue deviendra le glaive exterminateur du génie d’Écosse, prêt à venger mille injustices, et surtout la mort du brave lord Douglas. »

Des murmures, sinon même des cris et des sanglots retentirent parmi les partisans de Douglas au souvenir de la mort récente de leur chef. En même temps ils paraissaient sentir la nécessité de faire peu de bruit, de crainte de donner l’alarme à quelqu’un des nombreux détachements de soldats anglais qui traversaient alors le bois dans différentes directions. L’acclamation si prudemment comprimée s’était à peine éteinte dans un triste silence, que le chevalier de la Tombe, ou, pour l’appeler par son véritable nom, sir James Douglas, s’adressa de nouveau à cette poignée de fidèles adhérents.

« Un effort, mes amis, peut être encore tenté pour terminer pacifiquement notre lutte avec les hommes du Sud. Le destin vient, il y a quelques heures, de jeter en mon pouvoir la jeune héritière de Berkely, pour l’amour de laquelle, dit-on, sir John de Walton défend avec tant d’obstination le château dont je suis possesseur par droit d’héritage. Est-il parmi vous quelqu’un qui ose escorter Augusta de Berkely jusqu’au château, et porter une lettre qui explique les conditions auxquelles je consens à la rendre à son amant, à la liberté et à ses seigneuries anglaises ? — À défaut d’un autre, » dit un grand homme couvert de haillons qui avaient constitué jadis un habit de chasseur (et cet homme n’était autre que Michel Turnbull, qui nous a déjà donné une preuve de son intrépide courage) ; à défaut d’un autre, je m’estimerai heureux de servir d’écuyer à cette dame dans cette expédition. — On est toujours sûr de te trouver, dit Douglas, quand il s’agit de montrer du courage ; mais note bien que cette dame doit nous donner sa parole qu’elle se considérera comme notre prisonnière, qu’on tente ou non de la délivrer ; qu’elle se regardera comme garante de la vie et de la liberté de Michel Turnbull, et que, si John de Walton refuse mes conditions, elle se tiendra pour obligée de revenir avec Turnbull auprès de nous, afin que nous disposions d’elle suivant notre bon plaisir. »

Il y avait bien dans ces clauses de quoi frapper lady Augusta d’une horreur naturelle, et la jeter dans l’hésitation ; néanmoins, si étrange que cela pût paraître, la déclaration de sir James rendit sa situation moins pénible et plus supportable en mettant un terme à sa cruelle incertitude. D’après la haute opinion qu’elle s’était formée du caractère de Douglas, elle n’en venait point à pen-