certain de rencontrer quelques unes de ses bandes de soldats qui battaient le pays et traversaient les bois par son ordre ; et Douglas, on peut le supposer, ne s’était pas aventuré en personne dans un lieu où sa tête était mise à prix, sans être accompagné d’un nombre suffisant de partisans dévoués, placés plus ou moins près les uns des autres, mais toujours de manière à s’appuyer mutuellement. Chacun donc entretenait l’espérance bien fondée que, en acceptant la trêve proposée, il s’assurait un avantage sur son antagoniste, quoiqu’il ne sût exactement ni de quelle manière ce succès serait obtenu, ni jusqu’à quel point on pourrait le pousser.
CHAPITRE XVIII.
LES PROPHÉTIES.
Ce même dimanche des Rameaux où de Walton et Douglas mesurèrent ensemble leurs redoutables épées, le ménestrel Bertram était occupé à lire l’ancien volume des prophéties que nous avons déjà mentionnées comme l’ouvrage de Thomas-le-Rimeur ; mais il n’était pas sans de vives inquiétudes relativement au sort de sa maîtresse et aux événements qui se passaient autour de lui. Comme ménestrel, il désirait un auditeur auquel il put communiquer les découvertes qu’il faisait dans le livre mystique, et qui en même temps l’aidât à couler les heures. Sir John de Walton lui avait procuré, dans Gilbert Greenleaf l’archer, un gaillard qui remplissait bien volontiers le rôle d’auditeur
Du matin jusqu’au soir humide,
pourvu qu’un flacon de vin de Gascogne ou une cruche de bonne
ale anglaise demeurât sur la table. On peut se rappeler que de
Walton, lorsqu’il fit sortir le ménestrel de son cachot, sentit qu’il
lui devait quelques dédommagements pour les injustes soupçons qui
lui avaient valu le cachot, d’autant plus que Bertram était un serviteur
fidèle, et qu’il s’était montré le discret confident de lady