Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 25, 1838.djvu/172

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entre autres un jeune homme qui nous commande en l’absence de sir Walton, et qui porte l’honorable nom de sir Aymer de Valence ; nom qui est aussi celui du comte de Pembroke dont je vous ai parlé ; ce chevalier a en outre un jeune égrillard de page, qu’on appelle Fabian Harbothel. — Est-ce à ces gentilshommes que s’appliquent vos censures ? dit le ménestrel. J’en aurais jugé autrement ; car, dans le cours de ma longue expérience, je n’ai jamais vu un jeune homme plus courtois et plus aimable que ce jeune chevalier que vous nommez. — Je ne prétends pas qu’il ne puisse le devenir, » répliqua l’archer en se hâtant de réparer la bévue qu’il avait faite ; « mais pour qu’il le devînt il faudrait qu’il se réglât sur l’exemple de son oncle ; qu’il voulût bien, dans les cas difficiles, prendre conseil des vieux soldats expérimentés, et qu’il ne crût pas que des connaissances, fruit de longues années d’observations, peuvent être soudain conférées par un coup de plat d’épée et par les mots magiques : « Levez vous, sir Arthur ! » ou tout autre nom suivant les circonstances. — N’en doutez pas, sire archer, répliqua Bertram ; j’estime hautement l’avantage qu’on peut tirer de la conversation d’hommes aussi expérimentés que vous : les gens de tous les états trouvent à y gagner. Je suis moi-même souvent réduit à regretter de ne pas connaître suffisamment les armoiries, les devises, le blason enfin, et je serais ravi que vous vinssiez à mon aide pour certaines choses qui me sont étrangères, telles que les noms de lieux, de personnes, la description des bannières ou des emblèmes par lesquels de grandes familles se distinguent les unes des autres, toutes choses qu’il m’est si indispensablement nécessaire de connaître pour remplir la tâche que j’ai entreprise. — Quant aux bannières et aux étendards, répondit l’archer, j’en ai vu un bon nombre, et je puis, comme tout soldat, dire le nom du chef qui les déploie pour réunir ses vassaux ; néanmoins, digne ménestrel, je ne puis avoir la présomption de comprendre ce que vous appelez des prophéties, avec ou sur l’autorité de vieux livres peints, explications de songes, oracles, révélations, invocations d’esprits damnés, astrologie judiciaire, et autres offenses graves et palpables par lesquelles des hommes qui se disent aidés du diable en imposent au vulgaire, en dépit des avertissements du conseil privé ; non, pourtant, que je vous soupçonne, digne ménestrel, de vous occuper de ces tentatives pour expliquer l’avenir, tentatives qui sont dangereuse et peuvent être avec raison appelées punissables, et rangées parmi les actes de trahison. — Il y a