Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 25, 1838.djvu/180

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la ville, et de là se dirigeant vers le nord, entretenait le grand lac ou pièce d’eau artificielle dont nous avons déjà parlé. Grand nombre d’Écossais, portant des branches de saule ou d’if pour représenter les rameaux qui étaient l’emblème du jour, semblaient attendre, dans le cimetière, l’arrivée de quelque personne d’une sainteté remarquable, ou une procession de moines et de religieux venant assister à la cérémonie du jour. Au moment où Bertram et son compagnon entraient dans le cimetière, lady de Berkely, qui suivait sir John de Walton à l’église, après avoir été témoin de son combat singulier avec le jeune chevalier de Douglas, aperçut son fidèle ménestrel. Aussitôt elle résolut de se remettre sous la garde de cet ancien serviteur de sa maison, de ce confident de ses aventures. Elle comptait bien d’ailleurs qu’elle serait ensuite rejointe par sir John de Walton, avec une force suffisante pour garantir sa sûreté. Elle s’écarta donc du chemin qu’elle avait suivi d’abord, et se dirigea vers l’endroit où Bertram et sa nouvelle connaissance, le vieux Greenleaf, s’occupaient à questionner des soldats anglais que le service divin avait amenés aussi vers l’église.

Lady Augusta de Berkely parvint à dire en particulier à son fidèle serviteur et guide : « N’ayez point l’air de faire attention à moi pour l’instant, ami Bertram ; mais tâchez, s’il est possible, que nous ne soyons plus séparés l’un de l’autre. » Cet avis donné, elle ne tarda point à remarquer qu’il était compris par le ménestrel, qui porta aussitôt ses regards autour de lui, puis la suivit des yeux, tandis que, enveloppée dans son manteau de pèlerin, elle se retirait lentement vers une autre partie du cimetière, et semblait attendre que Bertram se détachât de Greenleaf et trouvât moyen de venir la rejoindre.

Rien, en vérité, ne pouvait affecter plus vivement le fidèle ménestrel que le mode singulier de communication qui lui apprenait que sa maîtresse était saine et sauve, libre de diriger ses propres mouvements, et, à ce qu’il espérait, disposée à se soustraire aux périls qui l’entouraient en Écosse, par une retraite immédiate vers son propre pays et ses domaines. C’eût été avec joie qu’il se serait approché d’elle, et qu’il l’aurait rejointe ; mais elle réussit à l’avertir, par un signe, de n’en rien faire, tandis qu’en même temps il craignait un peu les conséquences qui pourraient s’ensuivre si elle était reconnue par Greenleaf ; car le vieil archer pourrait juger convenable de s’immiscer dans leur affaire afin de gagner les bonnes grâces du chevalier qui commandait la garnison. Cependant Gil-