Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 25, 1838.djvu/183

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à côté de lady Augusta, échangea avec elle, par un serrement de main, une félicitation réciproque. À un signe du ménestrel, ils se retirèrent dans l’intérieur de l’église, de manière à n’être point remarqués dans la foule, chose qui leur fut d’autant plus facile qu’il régnait une ombre assez épaisse dans certaines parties de l’édifice.

Le corps de l’église, dévastée comme elle l’était, et pour ainsi dire tapissée des trophées d’armes des derniers seigneurs de Douglas, ressemblait plutôt à des ruines profanées par le sacrilège qu’à l’enceinte d’un lieu saint : cependant l’on pouvait voir que des préparatifs avaient été faits pour la cérémonie du jour. À l’extrémité de la nef était suspendu le grand écusson du comte de Douglas qui était récemment mort prisonnier en Angleterre. Autour de cet écusson étaient placés seize autres écus plus petits, appartenant à ses ancêtres, et une épaisse ombre noire était répandue au loin par l’ensemble de ce trophée, où ne brillaient que l’éclat des couronnes et le reflet de certaines armoiries moins sombres que les autres. Je n’ai pas besoin de dire que, sur tous les autres points, l’église était tristement délabrée, car c’était l’endroit même où sir Aymer de Valence avait eu une entrevue avec le vieux fossoyeur, et où maintenant, après avoir réuni, dans un coin séparé, quelques unes des troupes de soldats épars qu’il avait rassemblées et amenées à l’église, il se tenait en alerte et semblait prêt à repousser une attaque. Cette vigilance était d’autant plus nécessaire que sir John de Walton paraissait occupé à promener ses regards d’un lieu à un autre, comme s’il ne pouvait découvrir l’objet qu’il cherchait : et cet objet, comme le lecteur le comprendra aisément, n’était autre que lady Augusta de Berkely qu’il avait perdue de vue au milieu de la foule. Dans la partie orientale de l’église était élevé un autel temporaire, à côté duquel, revêtu de ses ornements sacerdotaux, l’archevêque de Glasgow avait pris place avec les prêtres et les différentes personnes qui composaient son cortège épiscopal. Sa suite n’était ni nombreuse ni richement habillée, et le costume du prélat lui-même n’était guère propre à donner une haute idée de la richesse et de la dignité de l’épiscopat. Cependant depuis qu’il avait déposé sa croix d’or à l’ordre sévère du roi d’Angleterre, celle de simple bois qu’il avait prise en place n’avait pas moins d’autorité et ne commandait pas moins le respect parmi le clergé et le peuple du diocèse.

Les différentes personnes. Écossaises de nation, alors rassemblées autour de lui, semblaient épier ses mouvements, comme ceux