Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 25, 1838.djvu/209

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de son caractère ecclésiastique, était instruit et bien né, quoique passablement original.

À côté de la manse s’élevait l’église de Saint-Ronan, édifice petit et ancien, sans autre pavé que la terre battue, et garni de misérables petits bancs jadis en chêne sculpté, mais raccommodés avec du bois blanc. La forme extérieure de l’église était d’un dessin élégant, ayant été bâtie dans les temps où dominait le culte de Rome : or, nous ne pouvons refuser à l’architecture des catholiques cette grâce qu’en bon protestant nous dénions à leur doctrine. L’édifice élevait à peine sa voûte grisâtre au dessus des monticules funéraires que la piété avait élevés tout autour ; il était si petit et si bas que les tertres des tombeaux atteignaient presque les fenêtres saxonnes qui lui donnaient du jour : de manière que l’on eût pu prendre le bâtiment lui-même pour une voûte funéraire ou un mausolée d’une dimension supérieure. La petite tour carrée avec l’ancien beffroi empêchait seule de l’assimiler complètement à un monument sépulcral.

Lorsque le bedeau à tête grise tournait d’une main tremblante la clef de la porte principale, l’antiquaire pénétrait dans un ancien édifice où, d’après le style de l’architecture et quelques monuments des Mowbray de Saint-Ronan, que le vieillard ne manquait point de faire remarquer, il reconnaissait généralement une construction du xiiie siècle.

Ces Mowbray de Saint-Ronan semblent avoir formé à une certaine époque une famille très puissante. Ils étaient alliés et amis de la maison de Douglas, dans ces temps où le pouvoir excessif de cette race héroïque fit trembler les Stuarts sur le trône d’Écosse. Par suite, comme notre naïf historien le dit lui-même, personne n’osant résister à un Douglas, ni même à un serviteur des Douglas, vu que si on l’eût fait, on aurait pu s’en repentir, la famille de Saint-Ronan partagea leur prospérité, et prit possession de presque toute la riche vallée sur laquelle dominait le château que nous avons décrit.

Mais au retour de la marée[1], sous le règne de Jacques II, les Saint-Ronan se virent dépouillés de la plus grande partie de leurs belles acquisitions, et les événements subséquents réduisirent encore leur importance. Néanmoins, vers le milieu du dix-septième siècle, c’était encore une famille hautement considérée. Sir Reginald Mowbray, après la funeste bataille de Dunbar, se signala par

  1. Locution anglaise, pour : lorsque le vent changea.