Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 25, 1838.djvu/265

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Clara, dit lady Pénélope : un déjeuner à la fourchette… Nous savons, Clara, que vous mourriez si vous deviez faire les honneurs d’un dîner en règle. — Pas le moins du monde ; je vivrais assez pour faire mon testament et léguer toutes les grandes parties de plaisir au diable qui les a inventées… À propos, lady Pénélope, votre collection d’animaux n’est pas tenue en aussi bon ordre ni aussi bien disciplinée que celle de Pidcok et Polito… Ils grognaient et montraient les dents lorsque j’ai passé devant la cage d’en bas. — C’était l’heure où ils prennent leur nourriture, mon amour, et certaines espèces deviennent intraitables à ce moment-là… Vous voyez que tous nos animaux moins dangereux et mieux dressés sont en liberté et se tiennent dans l’ordre. — Oh ! oui, en présence du gardien… Mais il faut que je m’aventure à traverser de nouveau l’antichambre au milieu de ces rugissements et de ces hurlements. Je voudrais avoir quelques quartiers de mouton pour les leur jeter s’ils venaient à paraître, comme ce prince du conte de fées qui allait puiser de l’eau à la fontaine des lions : cependant, j’y songe, je n’ai qu’à passer par la porte de derrière pour les éviter… — Vous accompagnerai-je, ma chère ? — Non, j’ai l’âme trop haute pour cela… je pense d’ailleurs que quelques unes de vos bêtes n’ont du lion que la peau. — Mais pourquoi vous en aller si vite, Clara ? — Parce que ma commission est faite… Ne vous ai-je pas invités vous et les vôtres ? et lord Chesterfield lui-même pourrait-il s’empêcher de reconnaître que j’ai fait ce que la politesse exige ? — Mais vous n’avez parlé à personne de la compagnie : comment pouvez-vous être si bizarre, mon amour ? — Quoi ! je leur ai parlé à tous en parlant à vous et à lady Binks… mais je suis bonne fille, et je ferai ce qu’on me dit. »

En parlant ainsi, elle promena ses yeux tout autour du cercle, et adressa la parole à chacun avec un air d’intérêt et de politesse affecté.

« Monsieur Winterblossom, j’espère que votre goutte va mieux… Monsieur Robert Rymer…. (pour le coup j’ai évité de l’appeler Thomas) j’espère que le public encourage les muses… Monsieur Keelavine, je suis persuadée que votre pinceau est occupé… Monsieur Chatterly, je ne doute point que votre troupeau ne fasse des progrès dans la vertu… Docteur Quackleben, je suis convaincue que vos malades guérissent. Voilà tout ce que je connais spécialement dans l’honorable société… Quant aux autres, santé aux malades et plaisir à ceux qui se portent bien ! — Vous ne vous