Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 25, 1838.djvu/401

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bois. Pourquoi garder encore cet air grave, jeune homme ? J’espère que vous n’êtes pas assez fou pour croire votre dignité offensée, parce que le plébéien Scroggie vient au secours de votre terriblement grande et ancienne maison de Mowbray ? — Je ne suis pas assez fou en effet pour refuser une assistance qui est pour moi comme la corde que l’on jette à l’homme qui se noie ; mais il y a une circonstance… » Il s’arrêta court et avala un verre de vin… « une circonstance à laquelle il m’est pénible de faire allusion… Cependant vous semblez être mon ami et je ne puis mieux vous le prouver qu’en vous disant que les propos de lady Pénélope Penfeather sur le compte de ma sœur rendent son établissement indispensable. — Honte, honte à vous, monsieur Mowbray ! Irez-vous donc vendre votre chair et votre sang à un homme tel que ce Bulmer, maintenant que vous le connaissez, simplement parce qu’une vieille fille, désolée de ne pouvoir goûter du mariage, répand de méchants propos sur votre sœur ? Un beau respect que vous montrez là pour l’honorable nom de Mowbray ! Et sans doute la jeune personne est de votre avis… elle ne demande qu’un époux, n’importe lequel ? — Pardonnez moi, monsieur Touchwood, elle pense tout différemment à cet égard ; et tout à l’heure encore je la pressais en vain de consentir à ce mariage, insensé que j’étais ! Dieu m’est témoin que si j’agissais ainsi, c’est qu’il ne me semblait pas y avoir moyen de sortir autrement de ces embarras compliqués. Mais je remets entre vos mains la conduite de cette affaire, tout en avouant que je suis extrêmement surpris de vous voir si bien informé. — Vous parlez très sensément, jeune homme, car je sais bien des choses que vous ne savez pas. Ainsi, soupçonneriez-vous, par exemple, que ce prétendu comte d’Étherington et votre sœur ont déjà reçu la bénédiction nuptiale ? — Prenez garde, monsieur ! » s’écria Mowbray avec colère, « n’abusez pas de ma patience… ce n’est ni le lieu, ni le temps, ni le sujet d’une impertinente plaisanterie. — Aussi vrai que je vis de pain, je parle sérieusement : monsieur Cargill a rempli la cérémonie ; et deux personnes qui vivent encore, témoins de ce mariage, ont entendu prononcer ces mots : Moi, Clara, je vous prends pour époux, vous, Francis ; ou telle autre phrase que le rituel écossais substitue à cette sainte formule… Vous prenez un air d’incrédulité, mais écoutez-moi jusqu’au bout. Ce mariage ne vaut pas un maravédis, car elle a cru épouser un autre homme… en un mot, Francis Tyrrel, qui est actuellement ce que l’autre prétend être, noble et riche. — Je ne puis comprendre