Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 25, 1838.djvu/49

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palement les regards était l’église, ancien monument gothique construit sur une éminence au centre de la ville, et qui alors tombait presque en ruines. À gauche, et s’effaçant pour ainsi dire dans l’éloignement, on pouvait distinguer d’autres tours et d’autres créneaux ; enfin, séparé de la ville par une pièce d’eau artificielle qui l’entourait presque de tous côtés, s’élevait le château dangereux de Douglas.

Il était solidement fortifié à la mode du moyen âge, avec donjon et créneaux, élevant au dessus de toutes les autres la tour majestueuse qui portait le nom de Tour de lord Henri ou de Tour de Clifford.

« Voici le château, » dit Aymer de Valence, en étendant le bras avec un sourire de triomphe ; « tu peux juger par toi-même de ce que les défenses construites récemment par les ordres de Clifford doivent ajouter aux difficultés d’un siège. »

Le ménestrel secoua simplement la tête, et emprunta au psalmiste la citation suivante : Nisi custodierit Dominus. Et il n’ajouta rien de plus, quoique de Valence répliquât avec vivacité : « Je pourrais, en citant ce texte, y appliquer le même sens de mon côté. Il me semble que tu as l’esprit un peu plus mystique que ne l’ont ordinairement les ménestrels voyageurs. — Dieu le sait, dit Bertram : si moi ou mes pareils nous oublions que le doigt de la Providence accomplit toujours ses desseins dans ce bas monde, nous méritons le blâme plus que tous les autres ; car nous sommes continuellement appelés à contempler les coups du destin qui font sortir le bien du mal, et sous l’influence desquels tous ces hommes uniquement occupés de leurs passions et de leurs projets, deviennent d’aveugles instruments des volontés célestes. — J’admets ce que vous dites, sire ménestrel, répliqua le chevalier, et je n’ai pas le droit d’énoncer le moindre doute sur les vérités que vous établissez si solennellement, moins encore sur la bonne foi avec laquelle vous les exposez. Permettez-moi d’ajouter que je crois avoir assez de crédit dans cette garnison pour vous y assurer un bon accueil : sir John de Walton, je l’espère, ne refusera point le libre accès de la grande salle du château à une personne de votre profession, dont l’entretien peut nous être si profitable. Je ne puis cependant vous faire espérer la même indulgence pour votre fils, vu l’état actuel de sa santé ; mais si j’obtiens pour lui la permission de séjourner au couvent de Sainte-Brigitte, il y demeurera tranquille et en sûreté jusqu’à ce que vous ayez renouvelé connaissance avec la vallée de