Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 25, 1838.djvu/72

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dis-moi adieu ; car, quoique nous devions nous revoir un jour, il se passera bien du temps avant que ce jour arrive. »

De Walton gardait le silence, espérant que son captif, car il ne pensait pas qu’il eût moyen de s’échapper, pourrait, dans son humeur communicative, laisser échapper quelques nouveaux renseignements sur son compte, et il ne désirait nullement précipiter la lutte qui défait probablement terminer une scène semblable, ne se doutant pas, pendant ce temps, de l’avantage qu’il donnait à l’audacieux chasseur.

En effet, comme Turnbull achevait sa dernière phrase, il s’élança tout-à-coup en arrière, et sortit du cercle qui l’environnait ; avant qu’on pût s’imaginer quel était son dessein, il avait déjà disparu à travers les bois.

« Arrêtez-le ! arrêtez-le, s’écria de Walton ; il faut absolument nous rendre maîtres de ce coquin, à moins qu’il ne soit entré sous terre. »

La chose ne paraissait pas absolument invraisemblable, car près de l’endroit d’où Turnbull s’était élancé se trouvait un ravin profond, dans lequel il se précipita, descendant à l’aide de branches, de racines et de broussailles, jusqu’à ce qu’il fût arrivé au fond, d’où il put gagner les bois et s’échapper ensuite, mettant tout-à-fait en défaut les paysans mêmes qui connaissaient le mieux les localités.


CHAPITRE VIII.

LE MÉNESTREL.


Cet incident jeta quelque confusion parmi les chasseurs surpris tout-à-coup par l’apparition de Michel Turnbull, partisan armé et avoué de la maison de Douglas, espèce d’homme qu’on ne devait guère s’attendre à rencontrer sur un territoire où son maître passait pour rebelle et bandit, et où lui-même pouvait être reconnu par tous les paysans présents. Cette circonstance produisit une forte impression sur tous les chevaliers anglais. Sir John paraissait grave et inquiet. Il ordonna aux chasseurs de se réunir aussitôt, et chargea ses soldats du soin d’examiner toutes les personnes qui avaient suivi la chasse, pour découvrir si, dans le nombre, Turnbull avait des complices ; mais il n’était plus temps de procéder à cette enquête sévère lorsque de Walton en donna l’ordre.

Quand les Écossais qui se trouvaient de la partie virent qu’on interrompait la chasse à l’occasion de laquelle on les avait réunis,