Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 25, 1838.djvu/77

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dinaire réclamer la direction sans contrôle de toute la défense. Enfin Pembroke rappelait à sir Aymer que sa réputation à venir dépendait en grande partie du rapport plus ou moins favorable que sir John de Walton rendrait de sa conduite ; il ajoutait encore que des actions de valeur téméraire et inconsidérée ne fonderaient pas aussi solidement sa renommée militaire que des mois et des années passées dans une obéissance régulière, ferme et humble à la fois, aux ordres que le gouverneur de Douglas pouvait juger nécessaires dans ces conjonctures critiques.

Cette missive étant arrivée fort peu de temps après l’envoi de la lettre de sir Aymer, celui-ci fut presque tenté de supposer que son oncle avait quelque moyen de correspondre avec de Walton, inconnu au jeune chevalier lui-même et au reste de la garnison. Et comme le comte faisait allusion à certaine occasion particulière, récente même, où de Valence avait témoigné son déplaisir à propos d’une bagatelle, la connaissance de ce fait et de quelques autres détails, parvenue à son oncle, confirma le jeune homme dans l’idée que sa conduite était épiée d’une manière qu’il trouvait peu honorable pour lui-même et peu délicate de la part de son parent : bref, il se crut soumis à cette espèce de surveillance dont les jeunes gens ont toujours accusé les vieux. Il est à peine nécessaire de dire que l’admonition du comte de Pembroke irrita vivement l’esprit hautain de son neveu, à tel point que, si le comte eût voulu écrire une lettre tout exprès pour augmenter des préventions qu’il désirait détruire, il n’aurait pu employer des termes plus propres à obtenir ce résultat.

La vérité était que le vieil archer, Gilbert Greenleaf, sans que le jeune chevalier en sût rien, s’était rendu au camp de Pembroke, dans le comté d’Ayr, et avait été recommandé au comte par sir John de Walton, comme une personne qui pourrait lui donner, relativement à Aymer de Valence, tous les renseignements désirables. Le vieil archer était, comme nous l’avons vu, rigide observateur de la règle, et, quand il fut mis sur le chapitre de la conduite de sir Aymer de Valence, il n’hésita point à faire certains aveux qui, rapprochés de ceux que renfermait la lettre du chevalier, firent concevoir un peu trop légèrement au vieux comte l’idée que son neveu s’abandonnait à un esprit d’insubordination et à un sentiment d’impatience contre toute autorité, très dangereux à la réputation d’un jeune soldat. Une petite explication aurait produit un accord complet dans leurs manières de voir ; mais le destin n’en ménagea ni