Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 25, 1838.djvu/78

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le temps ni l’occasion ; et le vieux comte fut malheureusement amené à devenir partie, au lieu de négociateur dans cette guerre.

Sir John de Walton s’aperçut bientôt, que la réception de la lettre de Pembroke ne changeait nullement la conduite froide et cérémonieuse de son lieutenant, conduite qui limitait leurs relations à celles que le service rendait indispensables, et qui ne pouvait ramener une familiarité franche et intime. Ainsi, comme la chose peut encore arriver aujourd’hui entre deux officiers dans leurs situations relatives, ils restèrent dans le froid cérémonial des communications officielles, n’échangeant que le peu de paroles qui étaient absolument nécessaires. Un tel état de mésintelligence est, en fait, pire qu’une véritable querelle. Une querelle peut amener une explication ou des excuses, ou servir d’objet à une médiation ; mais quand il s’agit de mésintelligence, un éclaircissement est tout-à-fait invraisemblable, comme le serait un engagement général entre deux armées qui toutes deux occupent de fortes positions défensives. Cependant le devoir obligeait les deux chefs de la garnison du château de Douglas à être souvent ensemble, et, bien loin qu’ils cherchassent à raccommoder les choses, ces entrevues ravivaient plutôt les anciens motifs de discorde.

Ce fut dans une semblable occasion que de Walton demanda à de Valence, d’un ton très sévère, à quel titre et combien de temps son bon plaisir était que le ménestrel Bertram restât au château,

« Une semaine, dit le gouverneur, est certainement assez longue, vu le lieu et les circonstances, pour montrer l’hospitalité due à un ménestrel. — Je puis vous assurer, répondit le jeune homme, que ce ménestrel m’intéresse si peu que je ne puis former aucun désir qui le concerne. — En ce cas, reprit de Walton, je prierai cet individu d’abréger son séjour dans le château de Douglas. — Je ne vois pas quelle espèce d’intérêt, répliqua Aymer de Valence, je pourrais attacher au séjour ou au départ de cet homme : il est venu ici sous prétexte de faire quelque recherche concernant les écrits de Thomas d’Erceldeune, surnommé le Rimeur : ces écrits, dit-il, sont infiniment curieux, et il en existe dans la bibliothèque du vieux baron un volume qui a échappé aux flammes d’une manière ou d’une autre, lors du dernier incendie général. Maintenant vous en savez autant que moi sur le but de sa visite ; et si vous trouvez que la présence d’un vieillard errant et le voisinage de son jeune fils soient dangereux pour le château que vous êtes chargé de défendre, vous ferez bien, sans aucun doute, de les congédier. Pour cela il vous suffira