Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 25, 1838.djvu/8

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ou, en cas de grave indisposition, une litière. Les hommes se servaient de leurs membres vigoureux ou de robustes chevaux pour se transporter d’un lieu dans un autre ; et les voyageurs, les voyageuses particulièrement, n’éprouvaient pas de petites incommodités par suite de la nature raboteuse du pays. Parfois un torrent grossi leur barrait le passage et les forçait d’attendre que les eaux eussent diminué de violence. Souvent la digue d’une petite rivière était emportée par suite d’une tempête, d’une grande inondation ou de quelque autre convulsion de la nature ; et alors il fallait s’en remettre à sa connaissance des lieux, ou prendre les meilleures informations possibles pour diriger sa route de manière à surmonter ces fâcheux obstacles.

Le Douglas sort d’un amphithéâtre de montagnes qui bornent la vallée au sud-ouest, et c’est de leurs tributs, ainsi qu’à l’aide des orages, qu’il entretient son mince filet d’eau. L’aspect général du pays est le même que celui des collines du sud de l’Écosse, où paissent de si nombreux troupeaux. On y rencontre des terrains arides et sauvages, dont la plupart ont été, à une époque peu éloignée de la date de cette histoire, tous couverts d’arbres, comme plusieurs d’entre eux l’attestent encore par le nom de Shaw, c’est-à-dire forêt primitive. Sur les bords même du Douglas le terrain était plat, capable de produire d’abondantes moissons d’avoine et de seigle : il fournissait aux habitants autant de ces denrées qu’ils en avaient besoin. Mais, à peu de distance des bords de la rivière, si l’on exceptait quelques endroits plus favorisés, le sol susceptible de culture était de plus en plus entrecoupé de prairies et de bois, et le tout se terminait par de tristes marécages en partie inaccessibles.

C’était d’ailleurs une époque de guerre, et il fallait bien que tout ce qui était de simple commodité cédât au sentiment exclusif du péril. C’est pourquoi les habitants, au lieu de chercher à rendre meilleures les routes qui les mettaient en communication avec d’autres cantons, rendaient grâces aux difficultés naturelles qui les exemptaient de la nécessité de construire des fortifications, et de barrer complètement les passages. Leurs besoins, à peu d’exceptions près, étaient complètement satisfaits, comme nous l’avons déjà dit, par les chétives productions qu’ils arrachaient à leurs montagnes et à leurs holms[1], ces espèces de plaines leur permettant d’exercer leur agriculture bornée, tandis que les parties les moins ingrates des montagnes et les clairières des forêts leur of-

  1. Plaines le long des ruisseaux et des rivières, appelées dans le sud, Ings.