Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 25, 1838.djvu/88

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y répondre, vous n’aurez pas besoin de me les adresser plus d’une fois ; si au contraire telle en est la nature que je ne puisse ni ne doive y satisfaire, croyez qu’aucune menace de violence ne m’arrachera une réponse. — Vous parlez hardiment, dit sir John de Walton ; mais je vous donne ma parole que votre courage sera mis à l’épreuve. Je souhaite aussi peu d’en venir à des extrémités ; mais telle sera la conséquence naturelle de votre obstination. Je vous demande donc si Bertram est votre véritable nom ; si vous n’avez aucune autre profession que celle de ménestrel ambulant, et enfin si vous avez quelques rapports, quelques liaisons avec des Anglais ou des Écossais hors des enceintes de ce château de Douglas. — Ces questions, répliqua le ménestrel, m’ont été déjà adressées, et j’y ai répondu parlant au digne chevalier sir Aymer de Valence : comme mes réponses l’ont pleinement satisfait, il n’est pas, je pense, nécessaire que je subisse un second interrogatoire ; et il ne convient ni à l’honneur de Votre Seigneurie, ni à celui du lieutenant-gouverneur que ce nouvel interrogatoire ait lieu. — Vous prenez grand intérêt, répliqua le gouverneur, à mon honneur et à celui de sir Aymer de Valence. Veuillez m’en croire, ils sont parfaitement en sûreté sous notre propre garde et peuvent se passer de vos attentions. Je vous le demande donc, voulez-vous répondre aux questions que mon devoir m’ordonne de vous adresser, ou faut-il vous forcer à l’obéissance en vous soumettant aux douleurs de la torture ? J’ai déjà vu, mon devoir est de le dire, les réponses que vous avez faites à mon lieutenant, et elles ne me satisfont pas. »

En même temps il frappa des mains, et deux ou trois archers se montrèrent, dépouillés de leurs tuniques, et seulement couverts de leurs chemises et de leurs culottes.

« Je comprends, dit le ménestrel, que vous avez l’intention de m’infliger un châtiment tout-à-fait étranger à l’esprit des lois anglaises, tant que vous n’avez aucune preuve de ma culpabilité. Je l’ai déjà dit : je suis Anglais de naissance, ménestrel de profession, et je n’ai absolument aucune relation avec les personnes qui peuvent former quelque dessein hostile contre le château de Douglas, sir John de Walton ou sa garnison. Quant aux réponses que la douleur physique pourra m’arracher, je ne puis, pour parler en bon chrétien, m’en regarder comme responsable. Je crois pouvoir endurer la souffrante autant que personne : toutes les douleurs que j’ai jamais éprouvées, je préférerais les sentir encore plutôt