Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 26, 1838.djvu/132

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colline. — J’y ai affaire, » répondit le jeune homme d’un ton à prévenir une seconde question.

« Je le pense bien, dit Butler, et j’espère que vous me pardonnerez si je forme le vœu que cette affaire n’ai rien de contraire aux lois. — Monsieur, » répondit l’autre avec un air de surprise, « je ne pardonne jamais une impertinence, et je ne sais de quel droit vous vous mêlez de ce qui ne vous regarde pas. — Je suis un soldat, dit Butler, et je suis chargé d’arrêter les malfaiteurs au nom de mon Maître. — Un soldat ? » dit le jeune homme en reculant et en portant la main sur son épée ; « un soldat ! et qui veut m’arrêter ? Avez-vous considéré combien vous estimiez votre vie, avant de vous charger d’une telle commission ? — Vous me comprenez mal, monsieur, » dit Butler gravement : « ma mission n’est pas de ce monde. Je suis prédicateur de l’Évangile, et j’ai pouvoir, au nom de mon Maître, de recommander ici-bas la paix et la charité qu’a proclamées l’Évangile. — Un ministre ! » dit l’étranger avec un ton d’indifférence et presque de dédain. « Je sais qu’en Écosse les gens de votre robe ont la prétention étrange de se mêler des affaires privées ; mais j’ai voyagé, et je ne suis pas homme à me laisser duper par les prêtres. — Monsieur, s’il est vrai que quelques personnes de ma robe, ou, comme on pourrait le dire plus convenablement, de ma vocation, se mêlent des affaires d’autrui par curiosité ou pour d’autres motifs plus coupables, vous ne pouviez recevoir une meilleure leçon chez l’étranger que d’apprendre à les en blâmer. Mais je suis appelé à travailler pour mon Maître, quels que soient le temps et le lieu ; et, sûr de la pureté de mes intentions, il vaudrait mieux pour moi m’attirer vos mépris en parlant, que de mériter les reproches de ma conscience en gardant le silence. — Au nom du diable, » reprit le jeune homme avec colère, « dites-moi ce que vous avez à me dire. Pour qui me prenez-vous ? et que pouvez-vous avoir à démêler avec moi, qui vous suis inconnu, ou avec mes actions et mes intentions, que vous ignorez ? — Vous allez violer, dit Butler, une des plus sages lois de votre pays ; vous allez violer, ce qui est plus affreux encore, une loi que Dieu lui-même a mise en nous et comme gravée dans nos cœurs, qu’on ne peut enfreindre sans sentir tressaillir tous ses nerfs. — Et de quelles lois voulez-vous parler ? » dit l’étranger d’une voix creuse et troublée.

« Vous ne tuerez point, » dit Butler d’un ton grave et solennel.