Mais, dans les deux pays, ces anciens moyens de transport, si lents et si sûrs, sont maintenant oubliés ; les malles-postes et les diligences se croisent en tous sens, dans les parties les plus reculées de la Grande-Bretagne ; et dans notre village, trois voitures de poste et quatre diligences, avec des gardes bien équipés et habillés d’écarlate, retentissent chaque jour dans les rues, et rivalisent de bruit et d’éclat avec l’invention de ce tyran fameux,
Demens ! qui nimbos et non imitable fulmen
Ære et cornipedum pulsu simularat equorum[1].
Pour compléter la ressemblance et pour corriger la présomption
des cochers hasardeux, il arrive de temps en temps que la course de
ces rivaux de Salmonée finit d’une mamière aussi terrible et aussi
violente que celle de leur prototype. C’est dans de telles occasions
que les voyageurs, ceux de l’intérieur comme ceux du dehors,
ont lieu de regretter la marche lente mais sûre des anciennes
diligences, qui toutefois semblent bien mal mériter ce nom
quand on les compare aux voitures de M. Palmer. Les anciennes
voitures versaient lentement et sans secousse, comme un navire
que l’eau coule bas en s’introduisent graduellement par les écoutilles ;
les voitures modernes, au contraire, se brisent en mille
pièces, comme un vaisseau emporté contre les brisants, ou plutôt
comme une bombe qui éclate en l’air. L’ingénieux M. Pennant,
qui avait déclaré une espèce de guerre à ces rapides moyens de
transport, a dit-on, réuni une liste formidable d’accidents de ce
genre, qui, jointe aux friponneries des aubergistes, que les voyageurs
n’ont pas le temps de discuter, à l’effronterie du postillon,
et à l’autorité despotique et sans contrôle du tyran qu’on appelle
conducteur, forment un tableau auquel le meurtre, le vol, la fraude
et la concussion prêtent leurs sombres couleurs. Mais l’impatience
humaine se satisfera, quel que soit le danger, et bravera les remontrances ;
et en dépit de l’antiquaire cambrien, non seulement
les malles-postes feront retentir leur tonnerre autour de la base
des montagnes de Penman Maur et de Cader-Edris[2], mais
Le Skiddaw effrayé de loin entend le bruit
Du char sans faux que le voyageur suit,
et peut-être les échos de Ben-Nevis seront bientôt éveillés par le