Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 26, 1838.djvu/256

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Cette question ayant été répétée, la prévenue répondit qu’elle n’en a qu’un souvenir confus, ayant été très-malade à cette époque ; et à une troisième interrogation elle répondit :

« J’avouerai la vérité, dût-elle même me perdre, pourvu qu’on ne me demande rien sur le compte des autres. Je conviens donc que j’ai passé cet intervalle de temps chez une femme de la connaissance de la personne dont il a été question, et chez laquelle il m’avait recommandé de me retirer pour faire mes couches. C’est chez elle que je suis devenue mère d’un enfant mâle. D. — Comment s’appelle cette femme ? »

La prévenue refuse de répondre à cette question.

D. « Où demeure-t-elle ? R. — Je ne puis le dire avec certitude, ayant été conduite chez elle de nuit. D. — Son logement est-il situé dans la ville ou dans les faubourgs ?

Refus de répondre.

D. « Quand vous avez quitté la maison de M. Saddletree, avez-vous tourné à droite ou à gauche dans la rue ? »

Même refus de répondre.

D. « Aviez-vous déjà vu cette femme avant d’aller chez elle d’après le conseil qui vous en fut donné par la personne que vous avez refusé de nommer ? R. — Je ne crois pas. D. — Cette femme vous avait-elle été recommandée par la personne en question verbalement ou par un message ? R. — Je ne puis répondre à cette question. D. — Votre enfant est-il venu au monde vivant ? R. — Oui, oui certainement, Dieu en est témoin ! D. — Est-il mort naturellement ? R. — Pas à ma connaissance. D. — Où est-il maintenant ? R. — Je donnerais ma main droite pour le savoir, mais je n’espère pas en revoir jamais autre chose que les dépouilles. D. — Quelle raison avez-vous de le supposer mort ? »

Ici la prévenue se mit à pleurer amèrement et ne fit aucune réponse.

D. « La femme chez qui vous logiez était-elle une personne capable de vous donner du secours dans la situation où vous vous trouviez ? R. — Elle en était capable sous le rapport des connaissances en chirurgie, mais c’était une bien méchante femme. D. — Y avait-il quelque personne chez elle autre que vous deux ? R. — Je crois qu’il y en avait une autre ; mais la fièvre et l’inquiétude m’avaient tellement porté à la tête que je n’étais pas en état d’y faire attention. D. — Quand l’enfant vous a-t-il été enlevé ? R. — J’avais, comme j’ai déjà dit, la fièvre, et je fus quelque temps