Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 26, 1838.djvu/297

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aussi, mais il n’est pas moins obstiné que vous, et il est si accoutumé à une route que lui et moi nous avons trop souvent peut-être faite ensemble, qu’il n’y aurait pas moyen de lui faire prendre un autre chemin. — Mais, laird, dit Jeanie, quoique je sache que mon père vous rendra cet argent jusqu’au dernier sou, quelque somme qu’il y ait, cependant je n’aimerais pas à l’emprunter de quelqu’un qui pourrait penser à autre chose peut-être qu’au remboursement. — Il y a vingt-cinq guinées tout juste, » dit Dumbiedikes avec un léger soupir ; « mais soit que votre père me les rende ou non, vous pouvez en disposer sans aucune condition. Allez où vous voulez, faites ce qu’il vous plaira, épousez tous les Butler du pays si cela vous convient. Adieu, Jeanie. — Adieu, laird et que Dieu vous bénisse mille fois ! » dit Jeanie dont le cœur était plus touché de la générosité inattendue de ce bizarre caractère que Butler peut-être ne l’aurait trouvé bon s’il eût connu les sentiments qui l’animaient en ce moment. « Que la paix du Seigneur et tous les biens de la terre soient avec vous dans le cas où nous ne nous verrions plus ! »

Dumbiedikes se retourna en agitant la main, mais son poney, beaucoup plus empressé de s’en retourner qu’il ne l’avait été de partir, l’entraîna si vite vers la maison, que n’ayant pas une bride ordinaire non plus qu’une selle ou des étriers, il était trop occupé de se tenir ferme pour regarder derrière lui, même pour jeter sur sa belle le dernier regard d’adieu d’un amant repoussé. Je suis fâché de dire que la vue de son adorateur avec sa robe de chambre, ses pantoufles et son chapeau galonné, emporté par son petit cheval des montagnes, avait quelque chose d’assez risible pour arrêter l’élan d’une juste reconnaissance et d’une tendre estime. La figure de Dumbiedikes était trop ridicule pour ne pas confirmer Jeanie dans les premiers sentiments qu’elle avait conçus pour lui.

« C’est une brave et obligeante créature, dit-elle ; c’est dommage qu’il ait un poney si obstiné. » Et elle tourna immédiatement ses pensées vers le voyage qu’elle allait commencer, réfléchissant avec plaisir que, accoutumée à la frugalité et à supporter la fatigue, elle était maintenant en état de fournir amplement et au-delà aux frais de son voyage à Londres, à ceux de son retour, et de subvenir à toutes ses autres dépenses.