Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 26, 1838.djvu/364

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dinaire : mais comme elle ne pouvait supposer qu’on l’eût entièrement oubliée, elle jugea qu’il valait mieux rester tranquille dans l’appartement où on l’avait laissée, jusqu’à ce que quelqu’un jugeât à propos de s’occuper d’elle.

La première personne qui entra dans la bibliothèque fut, à sa grande satisfaction, une personne de son sexe. C’était une femme de charge d’un certain âge et d’une tournure respectacble. Jeanie lui expliqua en peu de mots sa situation, et lui demanda ce qu’elle devait faire.

La dignité d’une femme de charge ne lui permettait pas beaucoup de familiarité avec une étrangère retenue au rectorat pour y être examinée, et dont le caractère pouvait lui paraître un peu suspect ; mais elle lui répondit honnêtement, quoique avec réserve.

Elle lui apprit que son jeune maître avait fait une chute de cheval, qui le rendait très-sujet à tomber en faiblesse ; qu’il venait de se trouver mal à l’instant, et qu’il était impossible que Sa Révérence pût la voir de quelque temps, mais qu’elle devait être sûre qu’il ferait en sa faveur tout ce qui serait juste et convenable, dès qu’il pourrait s’occuper de son affaire. Elle finit par lui proposer de la faire entrer dans une pièce où elle pourrait attendre que Sa Révérence fût libre.

Notre héroïne saisit cette occasion de lui demander la permission de rajuster ses vêtements et de changer de linge.

La femme de charge, qui faisait grand cas de l’ordre et de la propreté, qualités qu’elle mettait au nombre des plus essentielles, s’empressa de lui en faciliter les moyens. Grâce au nouveau linge et aux vêtements que renfermait son petit paquet, Jeanie opéra un changement si favorable dans son extérieur, que la vieille dame eut de la peine à reconnaître la voyageuse aux vêtements sales et en désordre qu’elle venait de voir, dans la petite Écossaise, propre, fraîche et bien ajustée, qui se présenta devant elle quelques moments après. Cette transformation produisit sur mistress Dalton un si bon effet qu’elle engagea Jeanie à dîner avec elle, et elle ne fut pas moins satisfaite de la manière honnête et décente dont elle se conduisit pendant le repas.

« Tu peux lire dans ce livre, n’est-ce pas, mon enfant ? » lui dit la vieille femme de charge après que le dîner fut terminé, en posant la main sur une grande bible.

« Je le crois bien, madame, » dit Jeanie surprise de cette question ; « il aurait fallu que mon père manquât de tout pour me