Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 26, 1838.djvu/433

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tres de Sa Majesté que depuis sept ans seulement il y avait eu en Écosse vingt et un exemples d’infanticide. — La peste soit de lui ! s’écria mistress Glass ; quel besoin avait-il de parler ainsi de ses compatriotes, et à des Anglais encore ! J’avais regardé jusqu’à présent l’avocat du roi comme un brave et honnête homme, mais je vois que c’est un vilain oiseau : Votre Grâce m’excusera de me servir d’une telle expression. Que va faire maintenant la pauvre fille dans une terre étrangère ? La pauvre malheureuse ! c’est la mettre dans le cas de retomber dans la même faute, que de l’envoyer loin de la surveillance de ses parents et de ses amis ! — Bah, bah ! dit le duc, il ne faut pas prévoir ces choses-là. Elle peut venir à Londres ou aller en Amérique, et se bien marier, malgré tout ce qui s’est passé. — Ma foi, comme Votre Grâce veut bien le dire, cela n’est pas impossible, répondit mistress Glass ; et maintenant que j’y pense, il y a un de mes anciens correspondants de la Virginie, Éphraïm Buckskin, qui me fournit du tabac depuis quarante ans, et ce n’est pas une faible pratique que la mienne, et voilà dix ans qu’il m’écrit de lui envoyer une femme. Le brave homme n’a pas plus de soixante ans ; il est d’ailleurs frais et dispos, et il fait de bonnes affaires ; un mot de ma main suffirait, j’en suis sûre, pour arranger cela, et le malheur d’Effie (dont je ne vois pas d’ailleurs qu’il soit absolument nécessaire de parler) ne serait pas regardé dans ce pays-là comme un obstacle. — Est-elle jolie ? demanda le duc : sa sœur est une fille de bonne mine, mais elle ne peut passer pour belle. — Oh ! Effie est bien plus jolie que Jeanie, dit mistress Glass, quoiqu’il y ait longtemps que je ne l’aie vue moi-même ; mais j’entends parler des Deans par tous mes amis du pays lorsqu’ils viennent à Londres, et Votre Grâce sait que nous autres Écossais nous nous tenons tous. — Et c’est tant mieux pour nous, dit le duc, et tant pis pour ceux qui se frottent à nous, comme le dit fort bien la vieille devise écossaise de votre enseigne, mistress Glass. Et maintenant j’espère que vous approuverez les mesures que j’ai prises pour renvoyer votre parente à sa famille. » Alors il lui détailla son plan, et mistress Glass, à chaque phrase de Sa Grâce, exprimait, par une révérence et un sourire, qu’elle y donnait une approbation sans réserve. Le duc conclut ainsi : « Maintenant, mistress Glass, je vous prie de dire à Jeanie que j’espère qu’elle n’oubliera pas mon fromage quand elle sera de retour en Écosse. Archibald a reçu mes ordres et pourvoira à toutes ses dépenses. — Je de-